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Les technologies digitales au service de l’engagement: l’expérience d’Amnesty International (interview)

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Amnesty International

Ils envoient entre 4 et 6 millions d’emails par an à leurs contacts directs. Leur base de 600 mille contacts (sur 4 millions d’habitants en Belgique francophone) est soigneusement mise à contribution, de manière ciblée, selon le type d’information à envoyer. Très active sur tous les fronts – print, emailing, réseaux sociaux, web, mobile – l’équipe belge d’Amnesty International est à l’affût de nouvelles technologies pour suivre, voire anticiper les comportements sociétaux et appliquer ainsi les solutions les plus adaptées pour communiquer, sensibiliser et inviter les citoyens à les rejoindre dans leur combat. Nous avons cherché à en savoir plus sur leur stratégie digitale avec Philippe Hensmans et Loïc Gamain, respectivement directeur général et chef de projet digital d’Amnesty International Belgique francophone, que nous avons rencontré à Cologne cet automne à Dmexco.

Vous cherchez à renforcer votre action sur le digital, pourquoi et comment ?

Philippe Hensmans, Amnesty International Belgique francophone.
Philippe Hensmans, Amnesty International Belgique francophone.

P.H. : En me renseignant sur les technologies et les solutions dans le digital, j’ai en tête mes objectifs qui sont d’augmenter le niveau d’information du public sur ce qui se passe dans le monde, leur niveau d’engagement sur des actions que nous menons et aussi le soutien qu’ils peuvent nous apporter. Nous pouvons nous renforcer en identifiant des entreprises dans des créneaux naissants qui veulent se faire connaître en travaillant avec nous. Cette logique win-win nous permet de lancer des opérations que nous ne pourrions pas mener autrement. Nous sommes dans le digital depuis très longtemps, j’ai créé le site d’Amnesty en 1994. Il a été intégralement réalisé et offert par une entreprise qui à l’époque démarrait ses activités et avait besoin de se faire connaître.

Donnez-nous des exemples de votre utilisation du digital pour mettre en place votre stratégie.

P.H. : Un premier exemple fort est la pétition que nous avons lancée en ligne à la fin des années 1990 pour défendre une réfugiée qui avait été expulsée de Belgique. Nous avons réussi à récolter 25000 signatures par jour durant cette campagne, ce qui était énorme. Cette action nous a fortement stimulé à créer une base de données, qui s’est depuis enrichie à chaque action et qui nous sert à communiquer avec les personnes.

L.G. : Aujourd’hui nous envoyons deux fois par semaine 195000 e-mails à des signataires actifs qui attendent l’information d’Amnesty pour agir. Nous avons un autre segment de personnes qui reçoivent notre newsletter, qui réunit 220000 personnes. Au total, nous disposons de 600000 contacts sur notre base (sur 4 millions d’habitants en Belgique francophone) que nous sollicitons en fonction des thématiques qui comptent pour eux. Pour nous il est très important de cibler uniquement les bonnes personnes qui ont fait le choix d’être informées par nous pour une action donnée.

P.H. : Un autre exemple est la campagne que nous avons réalisée pour le Darfour en collaboration étroite avec les internautes. Alors que des attaques y étaient menées par un gouvernement avec des groupes armés, nous avons pris des photos satellite couvrant une très grande surface de la région avant et après les attaques et nous avons demandé aux internautes d’examiner ces photos pour nous permettre de mesurer l’impact des bombardements qui ont eu lieu, notamment la destruction des villages. Grâce à ce dispositif, en quelques semaines, nous avons examiné des centaines de kilomètres carrés. C’est aussi une superbe manière de mobiliser ces personnes, car ce qui se passe devient plus concret pour elles.

Nous pouvons nous renforcer en identifiant des entreprises dans des créneaux naissants qui veulent se faire connaître en travaillant avec nous.

Vos problématiques dans le digitaux aujourd’hui sont donc l’emailing, le siteweb, la data, les réseaux sociaux ?

P.H. : Nous sommes très fortement présents sur les réseaux sociaux, comme Facebook, Twitter, Instagram. Notre souhait est surtout d’être en mesure d’élaborer de vraies stratégies complètes et ne pas se limiter à une vision en silos. Nous réalisons beaucoup d’actions de visibilité sur le terrain qui sont accompagnées des réseaux sociaux. Il est clair qu’une manifestation devant une ambassade, au départ avec une vingtaine de militants, prend une toute autre dimension lorsqu’elle est diffusée sur Facebook Live. Le retentissement est beaucoup plus important, surtout si les télévisons ne sont pas là pour nous accompagner.

Cherchez-vous de nouveaux outils ?

Loïc Gamain, Amnesty International Belgique francophone.
Loïc Gamain, Amnesty International Belgique francophone.

L.G. : Nous travaillons à l’heure actuelle dans l’évolution de notre base de données, notre CRM et notre RP, nous sommes en pleine phase d’évolution. Nous cherchons à créer une solution qui soit « future proof ». Notre outil actuel est très intéressant mais il ne peut pas évoluer.

P.H. : Je souhaite qu’un jour on puisse publier sur le frigo de nos membres un message très important sur l’une de nos actions, grâce à l’internet des objets! Et nous devons nous préparer pour cela. Nous n’avons pas les moyens de payer des campagnes publicitaires, donc nous devons être capables de détecter les grandes tendances et les nouvelles idées.

Notre souhait est surtout d’être en mesure d’élaborer de vraies stratégies complètes et ne pas se limiter à une vision en silos.

La suite de l’interview de Philippe Hensmans et Loïc Gaman, respectivement directeur général et chef de projet digital d’Amnesty International Belgique francophone, sera publiée demain.

Propos recueillis par Luciana Uchôa-Lefebvre

(Toutes les images sont des extraits issus de https://www.amnesty.be/ et des comptes Twitter et Facebook de l’association. Amnesty International pour les photos de P. Hensmans et Loïc Gamain.)

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