Suite de l’interview de Robin Bonduelle, vice-président produit d’Ogury. Cliquez ici pour lire la première partie.
Quel est le pourcentage d’utilisateurs qui acceptent de partager leurs données sur leurs applications mobiles ?
La moyenne globale et en France tourne autour de 50 % d’acceptation. Pour être conforme à la réglementation, il faut donner aux utilisateurs la possibilité de s’exprimer dès le premier écran. Avant, la pratique était de compliquer la tâche pour ceux qui souhaitaient refuser. Les nouvelles conditions imposées par la législation ont engendré une baisse de l’acceptation d’environ 15 %. C’est par conséquent naturel que les éditeurs craignent que leur niveau d’acceptation s’effondre. C’est aussi pour cela que beaucoup d’applications ne sont toujours pas conformes au Règlement général de protection des données (RGPD).
Vous payez les éditeurs pour collecter, rassembler et traiter leurs données. Est-ce juste comme définition ?
Nous sommes une « mobile journey company ». Les éditeurs nous sollicitent pour comprendre leurs utilisateurs et pour les accompagner dans la monétisation de leurs applications. Les annonceurs et les agences, pour activer des campagnes et accéder à de insights marché.
On collecte la data par différents moyens. Tout d’abord, elle nous parvient via les SDK que nous intégrons chez nos partenaires pour mapper les utilisateurs sur mobile. Nous la collectons également à travers des questionnaires proposés sur des applications. Notre SDK permet ainsi à l’éditeur de monétiser son application et d’accéder à des services complémentaires que nous lui proposons : la CMP, « Faire Choice » et la brique « Active Insights ».
Nous utilisons une donnée que l’éditeur lui-même ne connaît pas, car notre objectif est de mapper le parcours mobile des utilisateurs sur différentes applications et sur le web.
Beaucoup d’applications ne sont toujours pas conformes au Règlement général de protection des données (RGPD).
Ce sont des données que vous agrégez pour chaque individu ?
Nous le faisons au niveau du device. Quand un utilisateur se sert d’une application qui contient notre SDK, nous pouvons alors savoir ce qu’il fait sur son device, c’est-à-dire toutes les applications qu’il possède et qu’il utilise. De plus, grâce aux questionnaires, nous disposons de données qualitatives sur lui. L’éditeur de l’application en question ignore ce que l’utilisateur entreprend en dehors. Il a juste la vision analytics de ce qu’il fait au sein de son application. Nous avons par conséquent une vision 360° des utilisateurs.
Mais nous ne traçons pas pour autant des parcours précis réalisés par chaque individu. Nous utilisons des signaux faibles pour reconstruire des probabilités d’usage. Nous disposons par conséquent d’une vision macro qui résulte d’une donnée consolidée. Même si on a une notion des parcours individuels, celle-ci se base sur une déduction, et non d’une observation directe. Au final, notre objectif est de réunir l’intégralité des devices et de savoir pour un ID l’intégralité de son parcours mobile.
Que faites-vous de ces données ?
À partir de cette véritable mine d’informations, nous proposons la monétisation et l’activation de campagnes ciblées et des insights marché. Nous proposons aux marques et aux agences des campagnes au CPC et bientôt en CPI. Aux éditeurs, nous proposons un modèle au CPM. Nous leur offrons une monétisation directe sur notre propre demande, puis nous complétons leur fil rate en faisant de la médiation publicitaire. Celle-ci consiste à choisir, pour chaque éditeur, la publicité du plus offrant, proposée par le réseau le plus intéressant parmi Mopub, Admob, Amazon, etc. Quant à notre brique insights, elle permet à l’éditeur de comprendre les dimensions sociodémographiques et les comportements de ses audiences (churn, overlap, concurrents…) et aux marques de connaître leur part de voix.
À terme nous proposerons aussi du CRM à nos éditeurs.
Quel est votre modèle économique et combien d’éditeurs travaillent avec vous à ce jour ?
Nous sommes payés par les annonceurs pour les campagnes publicitaires que nous vendons. On reverse l’argent aux éditeurs pour l’affichage de ces publicités. Nous avons 9 000 applications partenaires partout dans le monde.
Propos recueillis et édités par Luciana Uchôa-Lefebvre