Suite de l’interview de Philippe Pelissier, directeur général de Squadata. Pour voir la première partie, cliquez ici.
Votre activité historique de reciblage publicitaire par e-mail consiste à contacter par e-mail les internautes ayant visité le site d’un e-commerçant ou d’une marque. Comment collectez-vous ces données?
Nous avons deux partenaires: d’un côté l’annonceur, notre client, de l’autre l’éditeur, qui nous fournit la capacité de « cookériser » ainsi que les bases d’e-mails opt-in [c’est-à-dire de personnes qui acceptent d’être recontactées par les éditeurs à qui elles fournissent leurs e-mails ou que leurs e-mails soient utilisés à des « fins commerciales »]. Nous plaçons nos tags des deux côtés pour ensuite faire le matching de cookies annonceurs/éditeurs et identifier ainsi l’internaute qui passe par le site de l’annonceur. Les e-mails dont nous disposons viennent d’éditeurs que nous qualifions – nous vérifions la qualité de leurs bases et ils doivent au minimum être déclarés à la CNIL et être signataires de la charte CPA (lire ici).
Pouvez-vous me donner des exemples concrets? Ce sont des éditeurs qui vous fournissent les e-mails de leurs abonnés?
Exactement. Si je prends le cas d’Easyvoyage, qui utilise notre solution d’e-mail retargeting, l’entreprise monétise également ses données chez nous. Ils diffusent des newsletters, ils font du display, etc. Quand ils envoient leurs newsletters, à l’intérieur un tag Squadata permet de déposer un cookie. C’est avec ce cookie que nous pourrons ensuite recibler cet internaute quand on va le croiser sur un site annonceur.
Et le but c’est quoi précisément?
Cela permet à l’éditeur de monétiser sa base (on est sur un modèle de revenu sharing).
Et pour l’annonceur?
Son objectif c’est de faire essentiellement de la conversion. Il a déjà payé cher pour amener du monde dans son site, alors il veut re-solliciter les personnes qui visitent son site, lorsqu’elles s’en vont. La solution d’email retargeting permet de renvoyer l’internaute sur son site avec des messages assez simples. Cela peut être un e-mail qu’on envoie à l’internaute avec les produits qu’il a vus sur le site de l’annonceur ou, dans le cas d’un abandon de panier, un message avec les produits qu’il avait mis dans son panier, pour l’inciter à reprendre l’acte d’achat.
Quel est le volume de « cookies » que vous arrivez à atteindre?
Le reach est un vrai sujet pour tout le monde. Nous sommes capables aujourd’hui de reconnaître un internaute sur 3 en France et d’envoyer un e-mail à une personne sur 5. La différence est que nous avons parfois le cookie e-mail mais pas l’opt-in sur l’e-mail. C’est un très bon taux de reach.
Vous touchez donc les prospects de l’annonceur, c’est-à-dire, des personnes qu’il connaît déjà, qui sont déjà venues visiter son site, qui ne se connectent pas et qui finissent par partir.
Ce sont en effet essentiellement des prospects. Le retargeting n’est normalement pas utilisé pour du CRM. Pour sa base de clients connus l’annonceur dispose d’autres outils de gestion de la relation client. Ceci étant, il y a de plus en plus d’annonceurs qui nous demandent de « retargeter » tout le monde Nous déployons plus de 130 campagnes quotidiennes pour de gros annonceurs.
Que pensez-vous des spams que l’on continue de recevoir dans ses boîtes e-mail, voire des newsletters annonceurs que l’on n’a pas nécessairement envie de lire?
En France il y a des éditeurs qui travaillent correctement, mais il peut y avoir des gens qui travaillent mal, voire de manière frauduleuse, souvent basées hors du pays. Nous faisons très attention aux éditeurs que nous faisons rentrer. Mais ce n’est pas normal que vous receviez des newsletters d’éditeurs avec lesquels vous n’êtes pas en contact.
Que faire lorsqu’un annonceur vient me cibler avec des messages à partir de données qu’un éditeur a récoltées sur moi, sachant que je n’ai pas forcément envie de retrouver les messages de cet annonceur ?
Dans ce cas il faut que vous vous désinscriviez de la newsletter de l’éditeur.
Si je le fais, est-ce que je peux être sûre que les données me concernant vont arrêter de circuler?
Vous serez désinscrite de la base de l’éditeur, et Il faudra faire ce travail avec tous les éditeurs. A partir de ce jour-là on n’aura plus le droit d’utiliser votre cookie. Vous pouvez aussi vous désinscrire directement chez nous, à Squadata.
Propos recueillis par Luciana Uchôa-Lefebvre