Suite de l’interview de Benoît Enée, Directeur Consulting Avant-Vente à Experian, au sujet de la collecte et le traitement de données en ligne et du respect de la vie privée. (La première partie a été publiée hier.)
Avez-vous abandonné votre ambition de devenir un fournisseur de données pour les ad exchanges à travers la numérisation de votre base Mosaic avec Ezakus ? (lire sur ce sujet notre article)
Non, nous sommes toujours présents sur ces sujets-là mais plutôt aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, et moins en France, car le marché français n’est pas encore très mature pour la data, la taille du business n’y est pas conséquente. Le type de data tel que nous lui apportons – une donnée 3rd party servant à approfondir la connaissance dont o dispose du client – n’a pas encore démontré sa valeur auprès des marketeurs en ligne.
Le marché on line est tourné vers une logique de ROI, d’où le succès d’un Criteo. Sur le marketing online, le volet branding est moins important et reconnu que le volet performance.
Pouvez-vous nous expliquer comment opèrent les bases des données 3rd party en ligne ? Ces plateformes de vente de données tierces parties, dont la vôtre : que vendent-elles ? où se fournissent-elles ? Mon opérateur de téléphone mobile peut-il fournir à une base de données 3rd party des données personnelles identifiables me concernant ? Sinon, comment faites-vous pour accéder à toutes ces adresses, emails et téléphones ?
La réalité va être différente suivant l’acteur qui va traiter la donnée et effectivement il existe des acteurs qui pourront récupérer des données personnelles pour les rendre disponibles et les vendre et cela est à surveille et à suivre. Superviser tout cela n’est pas simple.
Notre différence est que les données de nos clients sont exploitées par chaque client et pour son compte. D’autre part, les données de Mosaic, traitées de manière totalement séparée de celles de nos clients, viennent de partenariats. Il y a vraiment un distinguo.
À quels partenariats faites-vous allusion ?
À une vingtaine de partenaires institutionnels et business, dont l’INSEE et Kantar Media, par exemple. Ce sont des données d’études, on line et off line, qui nous permettent de construire une segmentation comportementale modélisée et donc anonymisée. Je ne peux donc pas pointer du doigt un individu, mais je peux vous informer sur son appétence, sur son profil type.
Mais est-ce que vous pouvez attribuer à un cookie un profil ?
Oui on peut attribuer un profil potentiellement à un cookie mais cela reste de la donnée modélisée donc dans le respect du fait que l’on ne remonte pas d’information avérée ou personnelle.
Google s’est mis récemment à faire de la pédagogie auprès de ses clients pour les inciter à mieux informer les utilisateurs sur l’usage de cookies, en vue de se conformer aux futures nouvelles réglementations européennes. Que pensez-vous de cette initiative ?
Cela me semble important d’informer et de prévenir les gens. Je préfère voir de gros acteurs qui font peur agir sérieusement et prendre les devants pour expliquer les choses. Mais il faut faire attention et apporter certaines limites, car on ne pourra pas non plus mette en place des systèmes d’alertes à l’infini, cela deviendrait invivable.
Je fais surtout appel à l’intelligence des gens pour qu’ils exploitent intelligemment les données qui sont disponibles. Il faut penser à l’expérience client avant tout.
Propos recueillis par Luciana Uchôa-Lefebvre