Une très bonne nouvelle pour l’écosystème des start-ups françaises et une superbe reconnaissance de la valeur du travail qui est réalisé ici. C’est comme ça que Gilles Chetelat qualifie l’acquisition par la plateforme d’ad serving vidéo américaine FreeWheel de la pépite française (et européenne) de la publicité vidéo programmatique Stickyads.tv, dont il co-fondateur et directeur général.
C’est un pas de géant en effet. Car cette jeune entreprise très innovante qui a vu sa croissance exploser ces dernières années (lire ici) rentre désormais dans le rang des grands de ce monde, FreeWheel faisant partie du conglomérat média américain Comcast, parmi les plus puissants au monde, propriétaire de chaînes télé et par câble (y compris d’AT&T broadband, fournisseur des services) et de studios de cinéma NBCUniversal, entre autres.
« Nous faisons partie désormais d’un marché réunissant les plus gros acteurs américains et européens. Notre ambition est de nous emparer du marché mondial de la programmatique télé, un secteur où l’on voit des projets alimentés également par Facebook et Google. Comparé à eux, nous démarrons de plus loin, mais en tout cas nous aurons les atouts et l’assise financière pour pouvoir le faire », signale d’emblée Gilles Chetelat. L’ambition est donc immense, celle de se battre avec les plus gros.
Outre-Atlantique
Pour la petite histoire, Stickyads.tv n’était pas à vendre, elle a été approchée. FreeWheel aurait payé $ 100 millions pour cette acquisition, selon des rumeurs répercutées par la presse. Gilles Chetelat n’a pas souhaité commenter cette information.
Mais (la question qui dérange) pourquoi laisser partir entre les mains des Américains une entreprise européenne aussi prospère que Stickyads.tv ?
« Je préfère tourner la question dans l’autre sens : Pourquoi les grands groupes français et européens n’ont-ils pas réussi à nous acheter ? Il y en a plein qui auraient pu le faire ! Mon métier est de valoriser au mieux le travail de nos équipes et la valeur de la french tech mais je ne peux pas maîtriser qui sera le mieux offrant. Les Américains sont les plus aguerris techniquement pour faire ce type d’acquisition. Puis la complémentarité avec FreeWheel est évidente à plusieurs points de vue, technologique et géographique », conclut-il.
Techniquement en effet, les deux entreprises se complètent. L’offre de monétisation pour les chaînes télé et les éditeurs vidéo deviendra progressivement encore plus holistique, avec à la fois les fonctions d’ad serving pour les ventes directes garanties et de plateforme supply side (SSP) pour le programmatique et ses enchères. « On va pouvoir proposer une plateforme full stack. Cela se mettra en place progressivement, il n’y a pas encore de date de fixée », explique Gilles.
FreeWheel, achetée par le groupe Comcast en 2014, est la solution technologique utilisée par ABC et NBCUniversal aux États-Unis et, en Europe, par RTE, Channel 4 et Sky. Nul doute que l’ad tech américaine profitera en effet de la clientèle européenne de Stickyads.tv, soit plusieurs groupes audiovisuels, dont TF1, France Télévisions et M6, des éditeurs de presse comme Spiegel, Corriere della Sera, The Economist et des régies premium comme La Place Media (Le Parisien, Le Figaro, le JDD, L’Equipe, Eurosport…).
« Nous pensons que StickyADS.tv offre la technologie de SSP la plus aboutie, en particulier à travers son positionnement de logiciel de Private Exchange vidéo qui permet aux éditeurs de garder le contrôle des opérations. Nos sociétés sont très complémentaires en termes d’implantation géographique et de base de clients. La combinaison de nos plateformes va pleinement profiter à nos clients », indique dans un communiqué dévoilé hier à la presse James Rooke, directeur de revenus de FreeWheel.
Luciana Uchôa-Lefebvre
(Images: Stickyads.tv et FreeWheel.)