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Les Français et l’accès à l’information: les réseaux sociaux à la traîne (interview S. Renaud, 366)

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Applis, social.

Contrairement à certaines idées reçues, les réseaux sociaux n’ont pas pris le pouvoir en matière d’accès à l’information. Une enquête réalisée par Kantar pour le compte de la régie 366 prouve le contraire : la télé, la presse régionale et les quotidiens nationaux restent la source prioritaire pour 38 % des Français, contre 12 % pour les réseaux sociaux. Pour commenter les résultats de cette enquête intitulée « Media Rating, les Français jugent les médias » (édition 2018), nous interrogeons  Sophie Renaud, directrice des études à 366.

Beaucoup d’éditeurs se servent des réseaux sociaux comme source de trafic. Mais à la lumière de votre étude, on se rend compte que les lecteurs préfèrent se renseigner auprès des médias dits traditionnels (print et télé). Est-ce l’un des principaux enseignements ?

Contenus en ligneS.R. D’autres études aussi démontrent qu’il y a en effet une sorte de retour voire de force pérenne des médias dits traditionnels que sont la presse et la télévision, et le phénomène des fake news contribue à renforcer ce phénomène. Ceci étant les lecteurs sont devenus multi-sources, ces dernières se sont en effet multipliées. Ensuite il y a aussi un phénomène générationnel : chez les 18-34 ans on a une proportion un peu plus importante, de 19 % au lieu de 12 %, de ceux qui s’informent à partir des réseaux sociaux. Mais il est vrai, la crédibilité des médias dits traditionnels n’a jamais été remise en question, c’est un véritable rempart contre les fake news, et d’autres études le montrent au niveau mondial. Ceux qui annonçaient la mort de la presse se sont visiblement trompés ! La presse est bel et bien là, elle a dû se transformer pour s’approprier le digital, où elle est désormais fortement présente. Cette étude démontre aussi que la presse locale est perçue par les Français comme étant la plus crédible.

La presse est bel et bien là, elle a dû se transformer pour s’approprier le digital, où elle est désormais fortement présente.

Votre étude démontre aussi que parmi les 18-34 ans, 34 % utilisent la presse papier comme source d’information prioritaire au quotidien, 33 % la télévision. Les chiffres sont donc aussi très révélateurs auprès des plus jeunes dont on aurait supposé à tort qu’ils ne regardent qu’internet et les réseaux sociaux.

S.R. Oui, même si chez les plus jeunes la consommation des réseaux sociaux est plus forte, la place des médias traditionnels reste beaucoup plus importante. En réalité la variété de médias est encore plus large chez les plus jeunes, il y a la place pour tout le monde chez eux. Mais un fait est marquant : leur confiance est accordée prioritairement à la presse traditionnelle et à la télévision et c’est un comportement nettement en progression comparé à il y a un an.

Quelles autres conclusions tirez-vous de cette étude ?

S.R. Nous observons que les médias locaux restent en tête pour ce qui est de la crédibilité : la confiance que la presse quotidienne régionale inspire est très forte, leurs informations sont jugées crédibles, exclusives. Les médias locaux gagnent également de l’adhésion auprès des jeunes générations. [Les médias locaux sont en effet la principale source prioritaire des 18-34 ans selon cette étude, comparés au print et aux sites internet, avec une progression de 5 points en une seule année, d’après cette étude qui reflète bien les conséquences de la médiatisation des fake news  (NDLR)]. Nous regardons aussi le rapport des Français à la publicité, ressentie comme moins présente sur les médias locaux alors qu’à la télévision elle est présentée comme plus dérangeante et intrusive. Les générations évoluent, les lecteurs s’aperçoivent que ce n’est pas la publicité mais la manière dont elle est intégrée qui peut être gênante, et la presse a plus de facilité que la télévision pour rendre cette intégration harmonieuse  et fluide. Les gens ne veulent pas subir la publicité, c’est un facteur important d’attractivité de nos supports pour les annonceurs. Enfin cette étude est une manière pour nous de mieux connaître nos lecteurs : la presse quotidienne régionale est une association  de médias régionaux avec une couverture nationale puissante, c’est une véritable fenêtre sur les Français.

Propos recueillis par Luciana Uchôa-Lefebvre

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