En l’espace de deux ou trois ans, la plateforme supply side (SSP) vidéo StickyAds.tv s’est très fortement développée, suivant le boom de la publicité vidéo numérique mais aussi des méthodes programmatiques en France et en Europe. Sa croissance est telle que fin 2015 l’entreprise s’est vue intégrée pour la première fois au sein du classement Deloitte des 500 entreprises innovantes aux plus forts taux de croissance au sein des pays EMEA (voir ici notre aticle), ce qui est un palmarès de poids.
Pour faire le point sur cette évolution fulgurante, nous interrogeons Gilles Chetelat, co-fondateur et directeur général de Stickyads.tv et Nicolas Mignot, directeur France.
Pouvez-vous nous tracer en quelques mots le panorama de cette évolution rapide (en termes de mutation de votre marché mais aussi de votre portefeuille de clients, du rythme auquel tout cela s’est mis en place, de vos chiffres clés et de votre essor à l’international) ?
G.C. : D’abord régie publicitaire vidéo jusqu’en 2013, nous travaillions depuis 2011 sur notre propre technologie SSP. C’est cette technologie propriétaire que StickyADS.tv commercialise depuis 2014 et qui permet aux éditeurs premium de créer et opérer leur propre place de marché vidéo. Ce modèle disruptif nous a permis de nous développer d’abord en Europe (UK, Allemagne, Italie, Espagne) et aux Etats-Unis depuis septembre dernier. A présent, la part de nos revenus issus de l’international devient plus importante que nos revenus réalisés sur le marché français.
Aujourd’hui, plus de la moitié des chaînes TV en Europe sont clientes de StickyADS.tv (TF1, M6, France Télévisions, BFM TV, NRJ pour n’en citer que quelques-unes en France) et l’enjeu est de taille car nous les accompagnons vers la programmatique TV. Les grands groupes de presse écrite sont également des clients phares très actifs sur le marché de la vidéo en ligne, comme Der Spiegel en Allemagne ou La Repubblica en Italie. Nous développons aussi une clientèle d’agrégateurs de contenus vidéo comme La Place Media qui est notre référence historique en France.
Comme vous le citiez, nous sommes très fiers d’être présents dans le classement Deloitte et c’est notre seconde récompense après le prix Ernst&Young de start-up de l’année dans la catégorie « Born Global ». Ce sont des indicateurs positifs qui illustrent le développement très soutenu que nous connaissons : notre chiffre d’affaires s’élève plus de 35 millions pour 2015 et nous avons une croissance à 3 chiffres. Cette réussite s’appuie aussi sur nos équipes et cela va continuer : nous embaucherons 40 personnes a minima sur l’année à venir et nous serons donc 130 salariés fin 2016 !
L’adoption du programmatique s’est accélérée ces dernières années et les plus grands éditeurs trouvent en StickyADS.tv les atouts qu’ils recherchent pour mettre sur le marché programmatique leurs inventaires les plus premium tout en gardant contrôle et transparence.
Pour une jeune entreprise comme la vôtre (créée à Paris en 2009) comment gérer un développement aussi fulgurant ? Comment s’adapter en interne et à la fois être toujours en mesure de répondre aux attentes des partenaires et des clients dans un marché qui ne cesse d’évoluer ?
G.C. : Effectivement c’est un challenge pour les entreprises avec une forte croissance comme la nôtre ! Un des facteurs clés est de bien se connaître afin de perdurer dans le temps et cela, pour l’interne comme pour l’externe. C’est pourquoi nous avons travaillé – en collaboration avec les salariés – sur notre positionnement et notre ADN. D’abord en prenant compte du contexte dans lequel nous évoluons : le marché de l’ad tech allant très vite, nous avons voulu intégrer l’humilité à nos valeurs et fait de « Get shit done ! », notre leitmotiv. Ensuite, nous sommes restés fidèles à notre ADN d’innovation technologique et de qualité de service, et cela quel que soit le pays dans lequel nous nous sommes implantés. La qualité de notre service client est ainsi reconnue au-delà de nos frontières. Pour cela nous nous appuyons sur nos équipes multiculturelles qui partagent cet ADN commun et qui savent s’adapter très rapidement – comme l’exige le marché de la vidéo.
Pour vous donner un exemple concret : en décembre dernier, nous avons dû intégrer 5 collaborateurs en deux semaines et, à notre échelle, cela nécessite d’avoir un process de formation et d’on boarding suffisamment élaboré pour réussir leur intégration et les fédérer autour d’un projet commun – et cela rapidement. Nous l’avions anticipé et c’est pourquoi nous avons créé la « Sticky University », une session de formation récurrente qui se déroule sur deux jours pour tous les nouveaux arrivants avec : des présentations de chacun des services par leur responsable respectif, un jeu de rôle pour s’approprier les spécificités du marché du programmatique ainsi qu’une présentation des valeurs de l’entreprise sous format « ludique ».
En 2014 nous avons observé l’incroyable développement des places de marché privatives, puis en 2015, pour schématiser, tous les regards se sont tournés vers le mobile. D’après vous quelles seront les tendances lourdes de la publicité vidéo numérique en 2016 ?
N.M. : Deux phénomènes majeurs vont marquer l’année 2016 – en dehors du mobile et de la data qui seront de forts relais de croissance pour les années à venir : la croissance du programmatique direct et la montée de la transparence comme clé de contrôle.
Le programmatique direct va continuer de monter en puissance, les chiffres le confirment : +247% de croissance pour le programmatique direct en France entre 2015 et 2016 (Cf. étude IDC, p.8, août 2015). Et l’année 2016, par son actualité, va être une réelle opportunité pour les éditeurs de créer de l’inventaire : les élections aux Etats-Unis, l’Euro de football 2016… Le défi pour les éditeurs résidera dans leur capacité à partager ces offres, quitte à d’ores et déjà anticiper leur commercialisation… bonne nouvelle – c’est possible avec le programmatique direct !
La transparence est devenue une nouvelle monnaie d’échange pour les éditeurs face à des annonceurs très attentifs à cette problématique. On devrait aussi assister en 2016 à un fort phénomène d’internalisation du programmatique comme le démontre l’étude IAB « Europe Attitudes towards Programmatic Advertising report » publiée cet été :
– 71% des éditeurs souhaitent internaliser le programmatique pour un meilleur contrôle de leur inventaire ;
– 70% des acheteurs, eux, pour garder un meilleur contrôle de leur data.
Quelle est la place du programmatique aujourd’hui dans le quotidien des éditeurs et des annonceurs français en matière de publicité vidéo ?
N.M. : Le programmatique représente déjà à fin 2015 18.6% des revenus de la publicité vidéo en France (Cf. étude IHS, p.15 – septembre 2015) et le phénomène va encore s’accentuer. Si le programmatique est synonyme d’automatisation, la place de ce sujet est centrale pour toutes les parties prenantes du trading media. Même les ventes directes qui perdureront sont ou seront bientôt exécutées via des plateformes programmatiques. D’ici 2017, la quasi-totalité du trading media passera par les plateformes programmatiques.
Transparence des échanges, meilleur ciblage, anticipation des pics d’audience, les bénéfices du programmatique sont sans limite à condition de se doter des meilleures solutions ad tech. Les éditeurs et les annonceurs sont volontaires et attendent beaucoup du programmatique. Ils sont prêts à aller plus loin sous réserve de garanties/transparence et d’avoir un modèle de trading adéquat (programmatique direct).
LUL
(Images: Stickyads.tv.)