WhatsApp semblait être farouchement opposé à la publicité, mais cette attitude risque de changer et de manière plutôt sournoise : au lieu d’utiliser les données de ses membres pour leur afficher des messages publicitaires au sein de l’application, WhatsApp va les partager avec Facebook afin que ce dernier puisse leur « montrer des publicités plus pertinentes » lorsqu’ils disposent d’un compte Facebook.
La décision prise la semaine dernière n’a pas tardé à faire réagir aux États-Unis des associations de défense de la vie privée : l’Electronic Privacy Information Center et le Center for Digital Democracy se sont dépêchés de déposer des plaintes auprès de la Federal Trade Commission sollicitant l’organisme à empêcher cette pratique. En parallèle, des utilisateurs du service partout dans le monde se partagent l’information, avec le soin de bien indiquer comment faire pour refuser cette option.
L’application de messagerie mobile a annoncé la mise à jour de sa politique de confidentialité pour la première fois en quatre ans, en expliquant que cela fait partie de ses projets de « tester des méthodes de communication entre les gens et les entreprises dans les mois à venir ».
Mais de quel type de « communication » s’agit-il ? A priori, pour ce qui est de l’application à proprement parler, il ne s’agit pas de bannières mais de services, indique un communiqué publié dans le blog de WhatsApp : « Que vous soyez contacté par votre banque concernant une opération potentiellement frauduleuse, ou que vous soyez informé par une compagnie aérienne que votre vol est retardé, nous sommes nombreux à obtenir ces informations autre part, même par SMS ou appels. Nous voulons tester ces fonctionnalités dans les prochains mois. »
En pratique, WhatsApp est déjà utilisé par de nombreuses entreprises dans leur relation avec leurs clients, comme l’illustre le cas de la banque ABN Amro. Au vu des déclarations à la presse de responsables d’entreprises et des analyses d’experts internationaux et de responsables d’agences média, il est attendu que l’application devienne une méga plateforme de services pour les entreprises, pouvant aller jusqu’à remplacer les applications spécifiques des différentes enseignes.
Et de fait telle serait la vocation idéale de l’application d’après ces analyses : les services, mais certainement pas la publicité. Cette dernière est vue avec beaucoup de méfiance, car on craint que les campagnes publicitaires ne fassent rouspéter et fuir des membres, WhatsApp étant une application très personnelle, où l’on ne s’attend pas à recevoir de messages venant des marques.
Concernant les données, tout en informant que les numéros de téléphone des membres seront connectés avec les systèmes de Facebook de façon à ce que ce dernier puisse opérer du ciblage à de fins publicitaires, WhatsApp se montre rassurant sur le fait que tous les messages échangés au sein du service restent chiffrés de bout en bout et que le numéro WhatsApp ne sera partagé avec personne.
WhatsApp a été acheté par Facebook en 2014. À l’époque, un de ses fondateurs, Jan Koum, avait déclaré qu’aucune donnée ne serait collectée ni stockée par le service et que rien ne changerait cela, pas même l’acquisition par Facebook. Lire ici.
Luciana Uchôa-Lefebvre