Le réseau social de partage d’images Pinterest, fondé en 2009, est devenu un grand joueur : évaluée à $ 3,8 milliards, l’ancienne start-up californienne est utilisée par un cinquième des adultes aux Etats-Unis et compte désormais 250 employés et pas moins de $ 564 millions d’investissements de capital-risqueurs. Pinterest ne doit donc pas rater sa monétisation… Pour aborder ce sujet, The Wall Street Journal est parti interroger l’un des fondateurs du réseau social, Ben Silbermann.
Nous en reproduisons quelques extraits ici :
WSJ : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos tests avec des annonceurs ?
BS : Il est encore tôt, mais nous sommes en train d’apprendre beaucoup. Le produit s’appelle « promoted pin » (épingles promotionnelles) et les utilisateurs interagissent avec ces épingles de la même manière qu’ils interagissent avec Pinterest en général. Ils re-épinglent ce qu’ils veulent maintenir pour plus tard ou ce qu’ils veulent partager. Ils peuvent avoir des discussions au sujet de ces objets. Il nous semble qu’il y a un lien entre ce que les gens font dans Pinterest, c’est-à-dire découvrir des choses qui comptent pour eux, et ce que les annonceurs cherchent à faire, qui est d’être découverts par des gens qui sont intéressés.
WSJ : Les épingles promotionnelles seront utilisées par les e-commerçants ou d’autres types d’annonceurs viendront jouer ici ?
BS : Je pense qu’il y aura d’autres types d’annonceurs. Depuis le début, Pinterest n’avait pas vocation à devenir un service de shopping. Il a été conçu pour être un service pour votre avenir et vos centres d’intérêt. Bien entendu, les produits et les services en font partie mais ils n’en sont pas toute la portée. Il existe de nombreux exemples très intéressants, depuis le voyage – quand les gens planifient leurs vacances – jusqu’aux produits que les marques doivent promouvoir utilisant une recette spécifique.
WSJ : Votre business model sera fixé à partir des gens qui payent ce qu’ils épinglent ?
BS : Ce sera en les faisant découvrir les choses qu’ils veulent. Et cela pourra être un produit qu’ils achètent ou un service qu’ils utiliseront parfois plus tard. Mais ce ne sera pas purement basé sur du transactionnel.
WSJ : Pensez-vous que les entreprises sur Internet se sont trompées dans le passé en faisant beaucoup usage des publicités trop tôt dans leur développement ?
BS : Oui. Je dirais même que les gens sur MySpace ont senti que leurs profils étaient commercialisés. Si vous regardez les entreprises qui ont eu les plus importants succès sur le web, ce sont bien celles qui ont réussi à trouver un juste point d’intersection entre ce que les gens viennent faire là et ce que les annonceurs souhaitent faire. Ils l’ont réalisé de façon à rendre cela très transparent. Ils ont fait de sorte que les formats aient du sens. Et ce vers cela qu’il faut aller.
WSJ : Comptez-vous commencer à générer des revenus cette année ?
BS : C’est notre objectif. Nous n’avons pas encore de date précise à annoncer publiquement. Mais il est vrai que notre but est de proposer un produit au marché cette année.
WSJ : Pensez-vous que certaines ad techs se sont valorisées beaucoup trop vite ? Est-ce que cela vous concerne, lorsque vous avez obtenu une valorisation de $ 3,8 milliards ?
BS : Evidemment, investir en nous c’est investir dans le futur. C’est un pari en nous que de construire de la valeur dans le futur, et je pense que tout le monde le sait dans l’entreprise. Nos investisseurs voient une grande opportunité dans le fait d’aider les personnes à planifier et visualiser leur avenir. Et c’est à nous de le faire très bien.
WSJ : Cette forte valorisation ajoute-t-elle de la pression à ce que vous faites ?
BS : Il y a une forte pression que je sens en effet, du fait d’embaucher beaucoup de gens et d’avoir beaucoup de personnes investies. Et je souhaite concrétiser cela. Je regarde le produit, et je sais que nous pouvons le faire mieux, plus simple, plus pertinent, plus utile. Et je souhaite nous y amener le plus vite possible, pas à pas.
WSJ : Avez-vous pensé à une IPO ?
BS: Nous ne sommes pas focalisés là-dessus, car il est trop tôt pour nous. Et ce n’est certainement pas le but ultime de l’entreprise.
L.U.L