Est-ce que les éditeurs d’applications et de sites mobiles doivent avoir peur de l’arrivée sur cet environnement d’outils de blocage de publicités ? Oui, en tout cas en Europe, si elle se confirme l’information donnée par The Financial Times (lire ici) selon laquelle des opérateurs de téléphonie mobile européens seraient en train de négocier un partenariat avec un fournisseur d’une solution de blocage de publicités pour la pré-installer dans les appareils mobiles et leurs serveurs. Et ici on ne se réfère même pas à ce que l’on vient d’apprendre de la part d’Apple (lire ici notre article).
Selon l’article, un opérateur de téléphonie mobile européen a déclaré au journal avoir en effet déjà installé un logiciel servant à bloquer les publicités au sein de ses data centers et celui-ci sera opérationnel avant la fin de l’année. Il permettra ainsi d’empêcher la diffusion de publicités aussi bien sur les pages web que sur les applications, sans pour autant bloquer les publicités affichées sur les fils d’actualité des réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter.
Toujours selon l’article du Financial Times, la technologie est fournie par la société israélienne Shine qui aurait également déclaré au journal être en train de travailler avec plusieurs opérateurs de télécommunications, dont un servant 40 millions d’abonnés. Et un « exécutif d’un opérateur européen a confirmé que lui et plusieurs de ses paires planifiaient le blocage de publicités déjà pour cette année », déclare l’auteur de l’article, le journaliste Robert Cookson. Dans ce cas spécifique, le service serait proposé gratuitement à l’utilisateur, qui l’acceptera ou pas.
Si cette information se confirme, il est évident que le marché publicitaire doit se poser des questions car même s’il peut le refuser l’utilisateur sera fortement tenté d’accepter le service. A moins que l’on ne lui montre que sans publicité, il ne pourra plus bénéficier d’une application gratuite…
Selon l’article, de telles mesures viseraient essentiellement Google, dont les revenus publicitaires sont de loin les plus importants de l’industrie et pèsent pour 90% de ses revenus globaux, de façon à le forcer à partager le gâteau avec les opérateurs de téléphonie mobile qui dépensent des fortunes pour fournir l’infrastructure dont Google bénéficie sans contrepartie. Cette attitude aurait également été déclenchée par le lancement par Google de « fi » aux Etats-Unis, son propre service de téléphonie mobile. Bref, encore une histoire de rivalité de gros sous… qui ne concerne certainement pas les intérêts des utilisateurs.
La menace ne viendra pas d’ABP
Nous savons qu’Adblock Plus est en train de tester en phase bêta une manière plus facile de s’intégrer à la navigation mobile. L’équipe a créé son propre navigateur intégrant le blocage de publicités en utilisant comme base le navigateur open-source Firefox pour Android. Mais l’outil bloquera uniquement les publicités affichées lors de la navigation sur le web et non au sein d’applications. Or, nous savons que le gros de l’activité publicitaire sur mobile se passe au sein des applications (plus de 70% selon les différentes estimations du marché).
LUL
(Images : Shine sur twitter et getshine.com).