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La promesse IA de Google inquiète les éditeurs

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Google pousse fortement ses nouveaux formats de recherche enrichie par IA, censés améliorer l’expérience utilisateur et maintenir la performance publicitaire. Mais pour les éditeurs, cette transformation soulève une inquiétude croissante : la baisse du trafic vers leurs sites et l’opacité croissante des modèles de monétisation. Le paradoxe se creuse entre une innovation technologique présentée comme bénéfique pour l’écosystème… et un modèle économique de plus en plus captif.


L’IA générative, une nouvelle interface… sans clic

Avec ses “AI Overviews”, Google propose désormais des réponses synthétiques en haut des pages de résultats. L’utilisateur obtient directement une réponse, souvent sans cliquer. Lors du dernier Google Marketing Live, la firme a indiqué que ces résultats IA généraient +10 % de requêtes supplémentaires et qu’ils se monétisent “aussi bien” que la recherche classique.

Mais pour les éditeurs, l’équation est différente. Moins de clics vers leurs contenus, plus d’informations absorbées dans l’interface Google, et une perte nette de maîtrise sur l’usage de leurs contenus. Pour Daniel Coffey (News Media Alliance), cette dynamique s’apparente à une forme de captation de valeur sans redistribution.


Une dépendance structurelle, sans contrepartie claire

Là où la recherche traditionnelle agissait comme un levier de trafic qualifié, la recherche générative redessine la chaîne de valeur. Google capte davantage l’attention dans son interface, tout en réduisant la visibilité réelle des éditeurs. Les promesses de “diversité des sources” ou de “qualité de l’expérience” peinent à masquer l’absence de partage clair de la valeur.

Sundar Pichai affirme que les réponses IA “bénéficient à un plus grand éventail de publishers”. Mais la définition de ce “bénéfice” reste floue. Aucun indicateur transparent n’a encore été communiqué sur l’impact réel en matière de trafic, de revenus ou d’attribution.


Vers un modèle symbiotique ou un écosystème stérile ?

Pour certains observateurs, cette situation pourrait déboucher sur une impasse. Si les éditeurs ne sont plus rémunérés ou visibles dans les environnements IA, le contenu qui alimente ces modèles pourrait disparaître, asséchant à terme leur efficacité. Une situation où la technologie finirait par “tuer son hôte”.

Des pistes émergent pour sortir de cette tension : partenariats de licence, intégration de liens avec partage de revenus, transparence accrue sur les requêtes enrichies. Mais aucune solution structurelle n’a encore été proposée à l’échelle du marché.


Une fenêtre d’action pour les éditeurs ?

Face à cette nouvelle réalité, plusieurs éditeurs réévaluent leur dépendance à Google. Certains, comme le New York Times, ont engagé des actions juridiques pour encadrer l’usage de leurs contenus par les modèles IA. D’autres misent sur des alternatives : curation, data ownership, newsletters, push notifications, ou encore des accords directs avec des modèles d’IA générative.

Une chose est sûre : dans ce nouvel environnement, maîtriser sa donnée, ses canaux de distribution et sa capacité d’activation devient vital. Et si l’IA transforme le moteur de la recherche, elle pourrait aussi redéfinir l’équilibre entre plateformes et éditeurs — à condition que ces derniers reprennent la main.

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