Le marché publicitaire français continue d’attirer des prestataires technologiques venus d’Europe ou d’ailleurs. Un exemple récent est la plateforme supply side allemande Fyber qui, après son recentrage sur l’in-app et le header bidding, s’efforce de marquer des points de ce côté-ci du Rhin. Ad-exchange.fr cherche à en savoir plus avec Camille Brochant de Villiers, responsable du développement des éditeurs en France.
Fyber cherche à se développer davantage en France. Pouvez-vous nous préciser quelle est votre spécificité eu égard à tous les autres SSP du marché ?
Fyber est une technologie créée pour les éditeurs en Allemagne en 2009, c’est une plateforme de médiation, car elle permet aux éditeurs de monétiser leur inventaire en ayant accès à notre exchange (connectée à près de 200 DSP) mais également à d’importants networks, comme Facebook, Ad Colony et Tapjoy. Notre différence réside dans le fait que nous nous concentrons exclusivement sur de l’inventaire in-app en mettant en concurrence toutes les offres en même temps. Alors que les plateformes de médiation du marché fonctionnent selon un système de cascade, nous proposons l’in-app header bidding afin que les acheteurs soient en compétition en même temps sur une même impression.
Cela a quoi comme impact pour l’éditeur ?
Comme tout le monde est mis au même niveau, que l’appel de l’impression est envoyé aussi bien aux networks qu’aux DSP en même temps, tous biddent selon les mêmes règles et c’est la meilleure offre qui gagne. Cela a deux conséquences majeures : pour l’utilisateur, ce système améliore l’expérience car il met fin au long chargement des pages, la latence étant une conséquence du système de cascade ; pour l’éditeur, il augmente son CPM moyen et donc ses revenus publicitaires.
Depuis quand précisément avez-vous décidé de vous spécialiser dans l’in-app ?
Fyber s’est spécialisé dans l’in-app au fil du temps et notamment à la suite de l’acquisition en 2015 de Heyzap, plateforme de médiation américaine, et en 2016 d’Innerative, spécialiste de la monétisation in-app display (interstitiel, bannière et pavé) et vidéo. Nous avons depuis fusionné pour créer un nouveau Fyber et gagner un avantage compétitif avec une offre complète et spécialisée in-app. Nous avons donc décidé de nous concentrer de manière exclusive sur l’in-app depuis début 2018. Notre médiation atteint plus d’un milliard de mobinautes uniques. Nous sommes connectés par SDK à plusieurs milliers d’applications dans les univers du gaming, des services et des médias premium, dont une douzaine de partenaires en France, comme Lulo Apps.
Nous avons décidé de nous concentrer de manière exclusive sur l’in-app depuis début 2018.
Les études montrent que les mobinautes se servent finalement toujours des mêmes applications. N’est-ce pas un frein à la diversification des inventaires qui peuvent être proposés en programmatique ?
C’est en effet une idée que l’on a, mais en réalité il y a de plus en plus d’applications et les utilisateurs se tournent davantage vers de nouvelles applications, que ce soit dans les jeux ou dans les services. Les utilisateurs passent 85 % de leur temps consacré au mobile dans les applications. Parce que les applications procurent une expérience bien plus pratique et agréable que le web, les éditeurs sont de plus en plus nombreux à les proposer. On se dirige vers un monde où l’application prendra le dessus sur le web mobile, c’est un fait, un monde « app first ». Nous travaillons déjà avec une grande variété d’éditeurs en France, autant dans l’univers du gaming que premium.
À partir de votre bureau ouvert à Londres il y a deux ans et demi, vous cherchez à vous développer en France, et ce depuis un an environ. Quelles sont vos premières impressions sur ce marché ?
L’ouverture aux éditeurs s’est faite il y a un an, mais la connexion aux DSP sur le marché français remonte à plus de deux ans et demi. Nous travaillons déjà avec une douzaine de grands éditeurs de tous les secteurs (gaming, jeux et premium). C’est un marché qui a beaucoup d’offres très différentes. Nous remarquons que bien que les éditeurs souhaitent maximiser la monétisation de leurs inventaires avec un partenaire transparent, ils ne maîtrisent pas encore bien les solutions possibles, notamment en environnement in-app. Il nous faut beaucoup les évangéliser sur notre technologie. Le marché français a énormément de potentiel, avec beaucoup d’éditeurs très différents, notamment un grand nombre d’entreprises spécialisées dans la catégorie du hyper casual. Dans cette catégorie, les développeurs sont très « tech savy » et sont capables de rapidement développer et publier des nouvelles applications.
Quel est votre modèle économique ?
Fyber fonctionne selon un système de rev share, c’est une approche partenariale, notre but est d’accompagner les éditeurs dans la monétisation de leur inventaire pour qu’elle soit maximale.
Vous êtes combien aujourd’hui chez Fyber ?
Nous sommes près de 300 personnes, dont la moitié d’ingénieurs, dans nos bureaux en Allemagne, au Royaume-Uni, en Israël, en Chine, en Corée et aux Etats-Unis.
Propos recueillis par Luciana Uchôa-Lefebvre