Facebook compte très bientôt se mettre à recueillir beaucoup de données au sujet de ses membres, pour ensuite livrer aux annonceurs des segments de plus en plus fins permettant à ces derniers de leur envoyer des messages ultra personnalisés, voire individualisés. Le réseau le fera en analysant les sites et les applications que leurs membres consultent. En d’autres mots, Facebook est sur le point de faire du tracking pour les marques. Et il le fait avec au moins la précaution de s’adresser à ses membres pour préparer le terrain en les sensibilisant au principe des publicités personnalisées.
« Quand nous interrogeons les gens au sujet des publicités, une des choses les plus récurrentes dont ils nous parlent est qu’ils souhaitent voir des publicités qui soient plus en conformité avec leurs centres d’intérêt », affirme-t-on dans un communiqué (ici). Jusqu’à présent, le réseau n’analysait que les actions de ses membres au sein même du réseau ou par l’intermédiaire des boutons « like ». Cette nouvelle modalité de tracking sera mise bientôt en pratique seulement aux Etats-Unis.
« Ceci est un type de publicité basée sur les centres d’intérêt, et beaucoup d’entreprises sont déjà en train de le faire», justifie le communiqué.
Facebook permet déjà aux marques de recibler ses membres en-dehors du réseau ou bien dans le réseau, en sens inverse, à travers Facebook Exchange, la place de marché publicitaire du réseau social.
Privacy
Le réseau social informe, selon Mediapost (ici), qu’il ne proposera pas le message Do Not Track, celui que certains navigateurs, comme Mozilla, affichent par défaut, à chaque fois qu’un site est sur le point de placer un cookie sur celui de l’utilisateur et qui permet d’ailleurs à celui-ci de définir le niveau d’usage de ce cookie (à de fins publicitaires ou autres). En revanche, il proposera aux utilisateurs deux solutions d’opt out.
La première est celle disponible sur Youronlinechoices de la Digital Advertising Alliance (cliquez ici), qui est une solution qui analyse automatiquement l’ordinateur de l’utilisateur, affiche toutes les entreprises membres de ce programme qui y ont placé un cookie et permet à l’utilisateur d’éliminer tout ou partie.
La seconde seront des préférences sur Facebook que l’utilisateur pourra personnaliser, en cliquant en haut à droite de la publicité. Il pourra éliminer ou bien ajouter des centres d’intérêt ou des sujets de publicité qu’il ne souhaite pas (ou, au contraire, qu’il souhaite) recevoir. Mais attention, le nombre de pubs ne changera pas, « mais parce que vous nous indiquerez vos préférences, elles seront plus pertinentes », affirme un responsable produit de Facebook, Jake Brill.
Il sera tout de même possible d’indiquer à Facebook de ne plus partager des informations à son sujet à un annonceur spécifique, toujours en cliquant en haut de la publicité. De plus, « Nous ne fournirons pas votre nom et contacts, comme le numéro de téléphone, à moins que vous ne nous autorisiez », ajoute-il. Très rassurant !
Il reste qu’une telle capacité d’analyse de données montre encore une fois les deux aspects délicats de cette question. D’un côté, la publicité personnalisée a démontré ses atouts, en délivrant à l’internaute moins de messages, qui de surcroît sont plus pertinents, tout en participant au financement des sites que l’on visite gratuitement. De l’autre, de se savoir nu devant les marketeurs du monde entier peut agacer beaucoup de personnes, qui craignent très légitimement pour le respect de leur vie privée. De plus, une telle capacité de manipulation de données à son sujet par son réseau social qui de plus livre – encore qu’indirectement – ses informations aux annonceurs (même si de façon anonyme) montre à quel point être connecté ou bien sur le réseau équivaut à être exposé aux autres par défaut. Ceci n’est plus une surprise pour personne : mais qui fixera et qui respectera des limites ?
LUL