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Géolocalisation

Drive to store, mise en demeure par la CNIL, levée de 20 millions d’euros: les explications de Vectaury

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Vectaury, ad tech française spécialiste du drive to store, a été mise en demeure par la présidente de la CNIL « pour absence de consentement au traitement de données de géolocalisation à des fins de ciblage publicitaire », une information rendue publique vendredi sur le site de l’organisme français (et disponible sur ce lien), ce à quoi l’entreprise a répondu à travers un communiqué diffusé à la presse le même jour (disponibile sur ce lien).

La mise en demeure

La CNIL indique dans son communiqué (consultable ici) que les SDK de Vectaury intégrés dans le code d’applications mobiles de ses partenaires « lui permettent de collecter les données des utilisateurs des mobiles multifonctions même lorsque ces applications ne fonctionnent pas ». L’organisme français estime que le consentement des personnes n’est pas « valablement recueilli », et ce pour plusieurs raisons, parmi lesquelles le fait que les utilisateurs ne sont pas systématiquement informés, lors du téléchargement des applications mobiles, qu’un SDK collecte leurs données de localisation, et que « au moment de l’installation, l’utilisateur n’est informé ni de la finalité de ciblage publicitaire, ni de l’identité du responsable de ce traitement ». La CNIL indique également que le système de recueil de consentement (CMP) utilisé par Vectaury « n’est pas systématiquement implanté dans les applications ». De plus « il n’est toujours pas satisfaisant notamment car l’information donnée à l’utilisateur est insuffisante ». Vectaury est ainsi mise en demeure « de recueillir le consentement effectif de tous les utilisateurs concernés », de « supprimer les données qu’elle avait indûment collectées » et de « se conformer à la loi ‘Informatique et Libertés’ dans un délai de trois mois ». Pour connaître toutes les explications de la CNIL, accédez ici à son communiqué.

Les explications de Vectaury

Vectaury a diffusé vendredi un communiqué à la presse indiquant avoir pris connaissance la veille d’une mise en demeure par la CNIL. Selon l’entreprise, l’organisme français lui demande « de mieux informer les internautes pour recueillir leur consentement explicite d’accéder à leurs données de géolocalisation ». D’après Vectaury, « aucune action visant la durée de conservation, la sécurisation et la minimisation des données n’a été demandée ». Dans ce communiqué, Vectaury indique que les demandes de la CNIL sur le consentement font déjà partie de sa roadmap « qui présente un processus documenté et structuré de recueil du consentement avec le lancement de sa fonctionnalité d’opt’in (janvier 2018) et sa Consent Management Platform (juillet 2018) construite suivant le framework (modèle standard) IAB utilisé par la majorité des acteurs du marché ». Vectaury aurait également recruté une privacy manager dès janvier 2016, qui échangerait régulièrement avec la CNIL afin d’accompagner ses choix et sa « démarche privacy « .

Dans ce communiqué, Matthieu Daguenet, P-DG de Vectaury, déclare: « Nous accueillons les demandes de la CNIL avec sérieux mais sans appréhension car nous développons une technologie  privacy by design depuis 2016. Nous répondrons  dans les prochains jours aux demandes de  l’action de la CNIL et ainsi achèverons notre process de mise en conformité. Nous communiquerons très prochainement sur l’avancement de ce dossier. Respecter la vie privée des utilisateurs relève du bon sens et de l’éthique et pas seulement d’une obligation juridique. »

La levée de 20 millions d’euros

Vectaury avait récemment annoncé une levée de 20 millions d’euros et ad-exchange.fr a interrogé Matthieu Daguenet fin octobre pour comprendre l’impact de ce financement et les priorités de développement de l’entreprise désormais. Voici ses réponses :

Quelles sont vos priorités désormais ?
Matthieu Daguenet, Vectaury.
Matthieu Daguenet, Vectaury.

M.D. Au vu des transformations subies par le secteur du retail et des problématiques actuelles, les commerçants cherchent désormais un partenaire qui pourrait les accompagner dans la durée avec une solution industrialisable et scalable à l’échelle mondiale. Après quatre ans de commercialisation, nous avons pour objectif de proposer du « local at scale » et de donner au retailer une vision globale de son investissement marketing. Cette levée de fonds, la plus significative dans notre secteur en 2018, va nous permettre de continuer à investir en R&D, de renforcer notre offre « Retail Analytics » et d’accélérer notre développement à l’international. Nous prévoyons notamment un développement ambitieux en Asie et aux Etats-Unis, avec pour objectif de nous y déployer largement dans moins d’un an. L’accélération de notre croissance passera également par l’acquisition de sociétés positionnées sur le même marché dans les mois à venir. Cette levée va aussi nous permettre de renforcer notre équipe et de doubler notre effectif, pour passer de 70 à 140 collaborateurs. Nous souhaitons faire évoluer notre modèle économique vers de l’abonnement (SaaS) et nous imposer dans la durée aux côtés des annonceurs et partenaires d’agences avec qui nous travaillons.

 L’accélération de notre croissance passera par l’acquisition de sociétés positionnées sur le même marché dans les mois à venir.

Vectaury est une jeune entreprise dont l’objectif est de permettre aux retailers de faire le lien entre les parcours offline et online des internautes. Comment fonctionne précisément votre solution ?

M.D. Le cookie a transformé le commerce digital en permettant de tout mesurer. Cependant, le commerçant physique n’a pas accès à la même richesse de données ni d’outils d’aide à la décision que le e-commerçant. Chez Vectaury, nous voyons les données de géolocalisation comme le cookie du monde physique. Notre volonté est de fournir aux retailers des informations en temps réel sur les visiteurs en magasin, afin de comprendre leurs comportements physiques, de mieux contrôler les investissements marketing et d’optimiser la visibilité géographique de la marque. Nous collectons les données de géolocalisation et nous les croisons avec les informations cartographiques des lieux visités par les consommateurs. Cela nous permet de dresser un « géo-profil » de chacun d’entre eux pour aider les commerçants à mieux comprendre qui sont leurs clients, augmenter le trafic en magasin et optimiser le pilotage de leurs points de vente. Sur les modèles des cookies, les données sont collectées, analysées, puis activées afin de permettre un meilleur ciblage publicitaire hors-ligne. Nous pouvons dire à nos clients qui a été touché par leur publicité et si cette exposition s’est convertie en visite de son point de vente physique… ou chez celui de son concurrent.

Chez Vectaury, nous voyons les données de géolocalisation comme le cookie du monde physique.

De quelle manière la protection des données des internautes et leur refus à ce que leur data online soit collectée à des fins de ciblage publicitaire peut-elle affecter votre activité ?

M.D. Depuis notre création, nous mettons la transparence et la protection des données des mobinautes au centre de notre activité. Nous avons lancé dans cette optique de nombreux produits privacy notamment notre consent management platform (CMP). La CMP Vectaury est mise à disposition des éditeurs pour que le mobinaute soit acteur de ses choix en termes de collecte et de traitement de ses données personnelles. Cela nous semble indispensable d’offrir ce choix aux mobinautes pour des raisons éthiques et légales, mais également pour des raisons stratégiques. Ils apprécient aujourd’hui d’être pris en compte et d’avoir la possibilité de choisir les publicités auxquelles ils veulent être exposés. La plupart des mobinautes a saisi que la promesse de la gratuité du contenu est rendue possible par les recettes générées par la publicité diffusée. La CMP est donc à la fois un outil de mise en conformité mais également un outil de personnalisation. Le refus de partage des données est minime, le volume est toujours suffisant pour participer à la monétisation des applications et pour offrir une contrepartie acceptable dans le fait de partager ses données. Les pratiques évoluent pour le mieux et Vectaury continue de militer et d’agir pour ce changement.

Luciana Uchôa-Lefebvre

 

 

 

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