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Que devient Verizon Media Group (Oath) en France ? (interview E.-M. Bion)

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L’actualité de l’entreprise occupe la presse en ce début d’année. Nouveau nom, partenariat renforcé avec Microsoft, résultats apparemment décevants en 2018. A peine un an et demi après son lancement, Oath change de nom en effet pour devenir Verizon Media Group. Dans ce contexte, que deviennent en France (et dans le monde) les plateformes technologiques nées de la fusion entre Aol et Yahoo sous la houlette du groupe Verizon ?  Nous tentons d’y voir plus clair en interviewant Erik-Marie Bion, vice-président de Verizon Media en France.

Verizon a annoncé fin 2018 la dépréciation de la valeur boursière de Verizon Media Group. Le résultat obtenu avec l’entité née de la fusion entre Yahoo (acheté en 2017) et Aol (en 2015) est inférieur à l’attendu. Si la situation semble compliquée au niveau mondial, que dire du contexte en France ?
Erik-Marie Bion, Verizon Media Group.
Erik-Marie Bion, Verizon Media Group.

Il y a eu en effet une réévaluation de la valorisation de Verizon Media Group, de l’ordre de 4,6 milliards de dollars. Ce montant a été déprécié dans les comptes financiers du groupe. Un an et demi après l’achat de Yahoo et la création de Oath, Verizon a révisé ses projections financières pour son volet média. La compétition dans le secteur et la pression sur le marché étaient plus rudes que prévu. Les revenus de la branche média du groupe, qui cesse de s’appeler Oath pour devenir Verizon Media Group, sont moins élevés qu’attendu. Ceci étant, Verizon continue d’investir et de croire dans cette activité. Le groupe compte sur le talent créatif de ses équipes et de ses marques grand public.

Qu’est-ce qui peut expliquer ces performances moins bonnes que prévu ?

Un duopole domine ce marché, tout le monde en souffre. Nous proposons une alternative et de nouvelles règles du jeu pour en sortir. Pour cela, des alliances et des acquisitions sont nécessaires. C’est ce que nous avons fait. La dernière nouvelle en date est le renouvellement et l’élargissement de notre partenariat avec Microsoft. Dans ce marché écrasé par le duopole en France et dans le monde, les acteurs digitaux doivent s’allier.

Visiblement c’est toujours aussi compliqué pour vous de faire face à ce duopole.

Il faut pouvoir proposer de nouvelles règles. Nous sommes un groupe média, techno et data international présent dans 50 pays. La moitié de nos équipes sont des développeurs. Le duopole n’est pas constitué de gros acteurs en soi, mais ils imposent leurs règles. C’est cela qu’il faut changer. Quand on pense que le search et les réseaux sociaux représentent 79 % du marché en France (93 % sur le mobile) !

Dans ce marché écrasé par le duopole en France et dans le monde, les acteurs digitaux doivent s’allier.

 Aol et Yahoo c’est (ou c’était) aussi du search.

Oui, à ce propos tout le volet monétisation du search de Yahoo et d’Aol est désormais entièrement repris par Microsoft.

Entre Oath, Verizon Media Group et votre partenariat avec Microsoft, on a du mal à comprendre ce que vous faites précisément. Pouvez-vous nous décrire qu’est-ce que Verizon Media Group aujourd’hui en France ?

Verizon Media Group est un groupe média, data et tech. Pour ce qui est du volet média en France, nous regroupons des marques telles que outlook.com, msn.fr et le portail d’informations yahoo.fr, entre autres. Notre audience globale (Nielsen/médiamétrie novembre) est de 38 millions de visiteurs uniques par mois. Cela représente 72 % des internautes français tous les mois, et plus de 30 % au quotidien. L’audience de Yahoo est en progression de 11 % en deux ans, celle de MSN (Microsoft News), de 16 %.

Concernant la tech, nous avons lancé en septembre dernier Oath Ad Platforms pour les marketeurs et pour les éditeurs. Notre DSP a trois facteurs de différenciation forts sur ce marché. Tout d’abord, il réunit tous les formats: vidéo, native et display. Ensuite, il vous autorise l’utilisation de la data Verizon même lorsque vous achetez de l’inventaire en dehors de nos propriétés. C’est enfin un DSP ouvert à tous les outils tiers d’ad verification du marché. Pour ce qui est de notre SSP, nous continuons de travailler à la consolidation de nos différentes plateformes (display, vidéo et mobile). Le but est de les unifier d’ici la fin de cette année. Nous venons également de lancer une nouvelle fonctionnalité : la monétisation audio.

Notre data propriétaire vient enfin irriguer la tech et alimenter nos médias. Ce sont plus de 3 milliards de contacts par jour en France. La grande innovation est que vous n’êtes pas obligé d’acheter de l’inventaire chez nous pour pouvoir vous en servir. Nos segments sont disponibles dans notre DSP.

Revenons donc à la dévaluation opérée par le groupe sur sa branche média : est-ce que cela vient impacter les activités de Verizon Media Group en France ?

La réévaluation est capitalistique. Elle n’a strictement aucun impact sur la stratégie qui a été mise en place et qui a été affinée au cours du temps. Cette stratégie est le reflet de notre volonté d’unifier et de simplifier la tech, d’une part, et de continuer à développer de nouveaux services et contenus, d’autre part. Nous sommes en train de construire en France un studio vidéo dédié au mobile et à la réalité augmentée. Le partenariat avec Microsoft a été rallongé et élargi, c’est un partenariat structurant. On verra arriver en Europe et en France des deals avec des marques, à l’instar de ce que nous avons développé aux États-Unis avec Samsung. Nous serons les premiers prêts pour la 5G, qui va révolutionner la manière de créer et de monétiser des contenus.

Le partenariat avec Microsoft est structurant.

Que dites-vous aux critiques selon lesquelles vous constituez un troisième walled garden ?

En France on a tendance à confondre les sociétés américaines avec les GAFA. Or les activités du duopole font souffrir les entreprises partout dans le monde. La création de Verizon Media Group est la preuve que face à ce type de situation il y a un besoin de s’allier et de s’armer. Verizon nous apporte une vraie capacité d’investissement dans un système ouvert tel que nous le proposons à nos clients annonceurs, éditeurs et à nos utilisateurs.

Propos recueillis et édités par Luciana Uchôa-Lefebvre

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