La start-up française Manadge marque des points. Lancée il y a environ un an pour simplifier le pilotage de la vente puis des achats programmatiques, elle a annoncé récemment la signature avec deux régies poids lourds du marché – PMS et GMC. Son fondateur et CEO Nathan Venezia explique à ad-exchange les spécificités de sa solution.
Que propose précisément Manadge ?
Manadge est un outil de pilotage de l’activité commerciale pour les régies et les trading desks [le volet demande est en début de développement, Manadge est en phase pilote avec un trading desk sur Xandr Invest, NDLR.]. Il facilite la gestion de tout type de deal et fournit l’information nécessaire à la prise de décision. Je peux ainsi savoir quels leviers ou inventaires ont apporté le plus d’investissements, où se trouve mon potentiel de croissance, comment investissent et réagissent mes clients, etc.
Est-ce tout simplement un outil de business intelligence (BI) ?
C’est un outil de business intelligence spécialisé dans les métiers de la monétisation et de l’achat média. Nous allons au-delà de l’analytics pur, en nous adressant précisément aux équipes opérationnelles des régies et des agences. Ces dernières ne se servent pas vraiment d’outils de BI classiques, trop intimidants et compliqués à manipuler. Un commercial qui a l’habitude de signer des ordres d’insertion n’ira pas utiliser un outil de BI classique. Nous proposons une interface très intuitive adaptée au quotidien des account et sales managers. Nous leurs fournissons les informations qui sont pertinentes pour eux.
Quelles informations ?
Tout ce qui a trait aux critères de performance d’une campagne, à ce que l’on peut optimiser, à la gestion des yields et à la résolution de problèmes (troubleshooting). Le volet d’analyse et d’optimisation offre une granularité de données qu’il est impossible de gérer manuellement. Nous proposons des dizaines de dimensions pour l’analyse des métriques de performance, telles que l’éditeur, l’ad unit, l’emplacement, l’annonceur, le device, le pays, etc. Cette performance technique et commerciale est recalculée pour l’ensemble des SSP. Et pour que cela soit comparable, nous réalisons un travail de normalisation, les SSP utilisant des critères souvent différents pour le calcul des différentes métriques.
L’achat média programmatique est très chronophage: les équipes consacrent trois heures par jour à produire des rapports et à analyser les performances des campagnes.
Et au-delà de l’analytics ?
Au-delà de l’analytics, nous facilitons également les tâches quotidiennes, en automatisant le work flow des équipes. Ainsi de la création et du regroupement des deals, de leur envoi aux acheteurs, de l’automatisation des échanges entre acheteurs et vendeurs. Il faut savoir que l’achat média programmatique est très chronophage, car il implique de nombreuses tâches manuelles. Les équipes consacrent trois heures par jour à produire des rapports et à analyser les performances des campagnes.
C’est aussi pour cette raison que Manadge accompagne les équipes des éditeurs et annonceurs dans leur transition vers le programmatique. Un commercial qui a géré des OI toute sa vie doit se préparer à un métier complètement différent. Il doit apprendre à créer et à suivre un deal, à générer un rapport et à créer des tableaux croisés dynamiques pour comprendre les données et en extraire des enseignements. Manadge automatise la collecte, la normalisation et la corrélation des données des différents SSP pour les mettre à disposition des équipes dans une interface intuitive pensée métier. Nous sommes issus de ce métier. Nous connaissons bien les besoins des équipes au quotidien. La plateforme est pensée pour eux. C’est toute notre différence comparé aux outils de BI type Tableau ou Looker.
Quels bénéfices immédiats ?
Une capacité à capter davantage d’investissements pour les régies, tout d’abord. Cela est possible grâce à une information stratégique pertinente pour la prise de décisions d’optimisations bénéfiques aux performances des campagnes. Pour les agences, c’est l’optimisation de l’achat média. Dans tous les cas, cet outil représente un gain de temps considérable pour les équipes opérationnelles et des frais dépensés en BI divisés par dix.
Les frais dépensés en business intelligence sont divisés par dix.
Quel est votre modèle économique ?
Il se base sur la volumétrie du client par mois. Plus il y aura des campagnes et des deals, plus il y aura des frais. L’inverse étant vrai, nous nous adaptons à la saisonnalité de nos clients. En août, par exemple, quand il y a trois fois moins de campagne, le coût peut baisser d’autant.
À quelles plateformes SSP et DSP êtes-vous connectés ?
Nous sommes connectés à Google, Xandr, Freewheel, Smart et Teads, qui correspondent à 90 % des parts de marché. D’autres connexions sont en cours. Du côté de la demande, nous sommes pour le moment en phase pilote sur Xandr Invest. D’autres DSP sont à venir.
Quel est le nombre et le profil de vos clients ?
Nous avons une petite dizaine de clients, dont des régies et des SSP. Nous nous adressons également directement aux SSP. Ces dernières ont, elles aussi, besoin d’outils pour permettre à leurs équipes d’account et yield managers de comprendre la volumétrie des données de chaque client. Nous sommes également en phase pilote avec un trading desk.
Combien êtes-vous chez Manadge ?
Nous sommes cinq personnes, majoritairement des ingénieurs. Nous recruterons tout au long de cette année des account managers et des ingénieurs pour continuer à améliorer notre technologie et pour développer notre entreprise.
Propos recueillis par Luciana Uchôa-Lefebvre