Habituellement lorsque l’on interroge l’industrie – et plus particulièrement les éditeurs – au sujet des stratégies de monétisation des inventaires en ligne, la part des choses est faite entre deux pôles bien définis qui, pour le moment, n’interagissent pas tout à fait. D’un côté, les ventes directes, à haute valeur ajoutée, garanties, préservant les équipes commerciales, nécessitant du contact humain pour la mise au point des campagnes très particulières, sur mesure. De l’autre, le programmatique, c’est-à-dire la vente automatisée d’espaces disponibles à travers des plateformes, soit des technologies qui se parlent entre elles… de surcroît en RTB. Or, sans entrer dans des discussions passionnantes au sujet du yield holistique (voir notamment notre interview avec Amaury Médias sur ce sujet), nous découvrons que la start-up américaine iSocket vient brouiller un petit peu tout cela, en proposant d’automatiser le suivi des campagnes vendues en direct. Mais comment procède cette entreprise très californienne née en 2009, qui vient tout juste de remporter $5M (portant à $13M le montant total mobilisé à ce jour) ?
En gros, elle fait du programmatique avec le garanti, mais surtout pas de RTB. iSocket a bâti une plateforme qui met en relation les éditeurs et les annonceurs.
L’éditeur programme sur la plateforme « iSocket for Publishers » (IFP) quel inventaire garanti est disponible, il fixe son prix, il peut même y mettre au point des deals privés et des campagnes sur mesure « pour les partenaires les plus stratégiques ». L’annonceur entre dans la plateforme et choisit ce qui l’intéresse et transmets son ordre avec un clic. L’exécution de la campagne dépend bien entendu de l’ultime approbation par l’éditeur.
La plateforme iSocket propose de se connecter directement à l’ad server de l’éditeur – littéralement d’y entrer – et ne fonctionne donc pas comme une SSP, puisque elle ne reçoit pas les impressions, elle ne fonctionne pas avec les tags de l’éditeur. L’idée est vraiment d’automatiser ce qui est possible pour augmenter la productivité tout en maintenant entre les mains des équipes commerciales les rênes de la définition des campagnes à plus haute valeur et des négociations – mais celles-ci se feront désormais via la plateforme.
La plateforme se connecte avec les annonceurs à travers « iSocket for Advertisers » (iFA) mais aussi à d’autres plateformes d’achat, comme les trading deks. L’entreprise vante le fait que sa plateforme n’est ni une DSP ni un ad exchange. Il ne s’agit pas d’acheter des impressions, mais de faire des offres sur des emplacements garantis et premium. Chaque inventaire est très bien défini et transparent, il n’y a pas d’amalgame entre les différents éditeurs.
Preuve que l’outil intéresse des éditeurs de premier rang, cette dernière levée a été portée par Time Warner Investments avec Conde Nast, R&R Venture Partners, un fonds créé par l’ancien président directeur général de Time Warner Dick Parsons et aussi par Vivi Nevo. L’argent sera utilisé pour optimiser les deux plateformes et développer leurs capacités à travailler avec plus de partenaires. L’annonce de cette levée inclut également l’embauche d’un ancien exécutif de Microsoft Advertising Exchange, Kevin McCabe qui arrive comme nouveau Vice-président pour le développement de l’entreprise.
L.U.L.