Le phénomène est assez défini : de nouveaux sites d’infos s’ouvrent comme de petits pains aux Etats-Unis, mais sur des niches très spécifiques, souvent touchant aux thèmes liés aux TIC et aux médias. Ces derniers mois aux Etats-Unis, une douzaine de nouveaux sites de news ont vu le jour, appuyés par des financeurs et investis par des journalistes enthousiastes croyant dur comme fer que les annonceurs cherchent désormais à atteindre des audiences ultra ciblées par l’intermédiaire des sites de niche et des publicités aux formats innovants.
« Mais les acheteurs d’espace publicitaires et des cadres de cette industrie affirment que la prolifération de nouveaux sites et l’automatisation de la vente d’espaces est en train de faire chuter les prix, rendant la tâche bien plus compliquée pour les sites de tirer profit des publicités en ligne. Plus de sites signifie plus d’emplacements publicitaires disponibles », affirme d’emblée l’article publié par The Wall Street Journal. Le journal rend compte d’une baisse du prix de la bannière display de l’ordre de 30% à 40%, ce qui étrangle les sites, obligés d’en vendre plus pour s’y retrouver.
C’est logique. A moins que les éditeurs américains décident de se lancer dans l’aventure des places de marché privées comme l’ont fait les éditeurs français, qui semblent assez heureux et confiants (voir nos différents papiers sur le sujet).
Mais alors, que penser de ces enthousiastes nouveaux arrivants ? Sont-ils suicidaires ? Fous ?
Peut-être en partie, car, pour beaucoup d’analystes consultés par le WSJ, il ne faut pas dépendre intégralement des revenus publicitaires pour assurer sa survie et son développement : il faut aussi compter sur les abonnements et les produits dérivés, comme les études, conférences et l’événementiel.
Le WSJ cite l’exemple de la famille Allbritton, propriétaire de Politico, et qui vient d’acquérir le site Capital New York, qui fournit des newsletters sur des thèmes politiques et des médias pour un prix initial de plusieurs milliers de dollars par an, un peu comme Politico. « Les gens ne savent pas mesurer combien est-il difficile de faire du journalisme intéressant qui soit monétisable et durable sur le long terme », affirme le président et CEO de Politico et de Capital New York, Jim VandeHei, « Nous ne devrions jamais construire un produit média basé uniquement sur le trafic et la publicité. Ce serait dérisoire de nos jours ». Pour lui, la moitié des ressources doit venir d’abonnements, l’autre moitié de la publicité mais aussi de l’événementiel, comme les conférences.
De plus, depuis qu’Internet est Internet, des sites ouvrent et ferment périodiquement. Gigaom, par exemple, site axé sur les actualités technologiques et sur les médias, vient de décider de fermer Paidcontent.org, acquis en 2012, pour se reconcentrer sur sa marque principale. « Nous nous sommes rendus compte qu’il vaut mieux mettre tout notre poids derrière une seule marque », dit Paul Walborsky, directeur de Gigaom. Et, notamment, Gigaom ne compte plus dépendre des recettes publicitaires pour se financer : le site vend des études faites sur mesure à ses clients et gagne de l’argent en accueillant des conférences. Autre exemple cité par le journal américain, AOL Inc. aurait indiqué à une source qu’il allait se défaire de la majorité de sa participation de son réseau d’infos régionales, Patch.
L.U.L.
Pour lire l’intégralité de l’article du The Wall Street Journal.