A l’heure du mobile-first, les annonceurs doivent relever un défi majeur : faire émerger leurs applications à travers un environnement dominé par Facebook et engager les mobinautes. Lors de l’édition 2018 du MobileOne, nous avons interviewé Harry Levy, Regional Director, France – BENELUX de Taboola, plateforme de découverte de contenu et de publicité native. La société accompagne plusieurs milliers d’éditeurs dans le cadre de la monétisation et de l’engagement de leur audience (dont Le Figaro, Le Point, Marie Claire, 20 Minutes ou encore Ouest France). Une tâche d’autant plus difficile dans le cadre d’un écosystème d’application mobile, comme nous l’explique Harry Levy…
Bien que l’adoption du smartphone ait été massive, les éditeurs ont encore des difficultés à faire émerger leurs applications ? Quelle en est la cause ?
H. L : La principale raison est que les géants captent une grande partie du public grâce à la qualité des expériences qu’ils proposent. Le problème majeur est que non seulement ils accaparent l’audience mais ils s’emparent également de la data et des revenus potentiels des éditeurs. Pour les éditeurs, l’enjeu est donc de recruter de nouveaux utilisateurs mais aussi de les retenir au sein de leurs sites et applications. Malgré la forte utilisation du mobile, 75 % du temps passé sur les applications se fait majoritairement sur les applications telles que Facebook, Twitter et Instagram.
Comment monétiser son application mobile dans un tel contexte ?
H. L : Il y a une érosion des leviers de monétisation display qui fonctionnent moins bien aujourd’hui pour les éditeurs d’application. Par conséquent, il faut aller plus loin que la diffusion de bannières qui génère une rémunération sur le court terme. La condition sine qua non pour réussir la monétisation d’une application sur le long terme, c’est de proposer aux internautes des expériences constamment plus interactives et personnalisées.
Le problème majeur de l’écosystème applicatif mobile est qu’il est aujourd’hui très fragmenté. Prenons l’exemple du service de transport partagé VIA, il y a de très fortes chances qu’un utilisateur qui vient d’utiliser l’application pour commander une course, se rendra ensuite rapidement sur une autre application telle que Facebook en attendant que son chauffeur arrive.
Pour une monétisation diversifiée et maximisée de l’écosystème applicatif, nous souhaitons offrir aux mobinautes une expérience interactive et personnalisée favorisant le temps passé au sein de l’application des éditeurs, via le déploiement de notre produit Taboola Feed, mix de contenus éditoriaux et de contenus sponsorisés. C’est dans ce sens que nous avons lancé le partenariat avec l’application VIA pour connecter les passagers à du contenu local et national pertinent et développer la monétisation au sein de l’application même.
Le problème majeur de l’écosystème applicatif mobile est qu’il est aujourd’hui très fragmenté.
Dans quelle(s) mesure(s) Taboola permet à ses clients d’engager l’audience ?
H. L : Nous avons souhaité proposer aux éditeurs une expérience, Taboola Feed, répliquant sur leurs propres sites ou applications, l’expérience du “feed” familière aux utilisateurs des réseaux sociaux, afin de proposer des recommandations de contenus sponsorisés (articles, vidéos, etc). De cette façon, les éditeurs peuvent reprendre la main sur la monétisation et offrir un maximum de visibilité aux annonceurs à travers des formats simples (une image, un titre, un annonceur) et efficaces.
D’autre part, Taboola permet également aux annonceurs souhaitant diffuser de la publicité sur les sites éditeurs de notre réseau de tracker le téléchargement d’application (nombre de clics et de téléchargements). Ceci est notamment rendu possible grâce à des intégrations de Taboola avec d’autres plateformes technologiques telles qu’Adjust ou AppsFlyer. Une fois les téléchargements générés, nous offrons ensuite aux marques la possibilité de recibler les utilisateurs pour les mener à la conversion. Par exemple : les individus qui n’ont jamais utilisé l’application VIA après l’avoir téléchargée vont pouvoir être segmentés et reciblés par la marque à travers des formats personnalisés, diffusés au bas d’un article sur notre réseau d’éditeurs premium. Ainsi, notre rôle est à la fois de les aider à générer des téléchargements d’applications et à engager leur communauté.
Quelles sont les ambitions de l’entreprise ?
H. L : Taboola souhaite signer des partenariats avec les constructeurs de smartphones (device manufacturers) afin qu’ils puissent intégrer Taboola News, comme c’est déjà le cas avec vivo et ZTE. Par ailleurs, nous envisageons de proposer une expérience sur le lock screen (écran verrouillé) incluant des recommandations éditoriales redirigeant directement vers les environnements des éditeurs. Nous gardons en effet pour objectif de proposer une alternative aux éditeurs actuellement très dépendants d’Apple et de Google. Le but est qu’ils conservent leur audience et qu’une fois sur leur site, ils puissent la monétiser.
Aujourd’hui, Taboola touche 85 % de l’audience française (Médiamétrie). L’effectif de Taboola vient de dépasser la barre des 1 000 personnes, réparties au sein de ses bureaux présents dans 15 pays à travers le monde.
Propos recueillis par Stéphanie Silo