Adagio (ex-Onfocus) semble avoir le vent en poupe. Lancée sur fonds propres il y a seulement deux ans, cette solution française créée pour aider les éditeurs à améliorer la performance de leurs emplacements publicitaires en tenant compte du temps et de l’attention prêtée par les utilisateurs serait déjà rentable. L’entreprise change de nom officiellement aujourd’hui et annonce une levée de 2,5 millions d’euros. Nous interviewons son fondateur et CEO Anh-Tuan Gai.
Adagio (ex Onfocus) est une solution lancée il y a environ deux ans par vous avec Franck Durousset, un ancien d’Alenty (spécialiste français de la visibilité acheté par Appnexus). Elle permet aux éditeurs d’analyser en permanence l’expérience et la performance de leurs pages en vue de modifier les emplacements publicitaires en fonction de l’attention au clic. Est-ce bien cela ?
A. -T. G. : Alors que les annonceurs disposent d’outils pour vérifier la visibilité des pages, les éditeurs ne pouvaient compter sur aucune solution pour les aider à mieux vendre leur inventaire visible. J’ai eu donc l’idée de développer une solution pour eux. J’ai invité Franck à me rejoindre parce qu’il avait déjà beaucoup travaillé sur ce sujet. A ce moment-là je dirigeais Basilic, une start-up que j’avais lancée en 2012 et qui permettait de mesurer le temps de chargement des pages pour chaque utilisateur afin d’aider les sites à identifier les problèmes de performance de leurs sites.
La naissance d’Onfocus s’est faite comment ?
A. -T. G. : J’avais proposé aux actionnaires de mon ancienne start-up d’investir pour développer une solution permettant de vérifier et d’optimiser les emplacements publicitaires à partir du critère de l’attention des utilisateurs. Comme ils n’ont pas voulu me suivre, j’ai donc quitté Basilic pour créer Onfocus en fonds propres. Avec Franck, nous avons démarré en vendant aux éditeurs des audits de visibilité de leurs sites. Nous avons en parallèle développé un baromètre marché, Onfocus IQ, qui a été poussé par Le Geste et par le SRI, aujourd’hui utilisé par près de 80 sites médias français. Dans la foulée, nous avons développé la première solution d’optimisation d’Onfocus, lancée début 2017, portant sur le refresh intelligent : on rafraîchit les publicités de manière intelligente pour créer de l’inventaire supplémentaire en fonction du temps de visibilité utile au clic.
Vous avez décidé de changer de nom, vous cessez d’être Onfocus pour devenir Adagio désormais. Pourquoi ?
A. -T. G. : Ad en référence à la publicité, Agio qui veut dire facile en italien et Adagio au tempo lent en musique : Adagio c’est donc la publicité facile au temps. Notre solution permettra aux éditeurs de ne plus facturer les impressions publicitaires en fonction des affichages (au CPM) mais de la durée de l’exposition publicitaire. Les éditeurs vont pouvoir vendre la publicité au temps, comme l’a fait le Financial Times avec son CPH (coût par heure) [lire ici notamment]. Ils pourront valoriser même les impressions en bas de page, si elles sont vues et bien vues. En d’autres mots, le critère n’est plus les a priori que l’on a en fonction des positions sur la page mais bien l’analyse du temps passé et de l’attention de l’utilisateur. Notre but est de convertir l’attention prêtée au contenu en attention publicitaire, peu importe où l’emplacement se trouve.
Vous venez de réaliser une levée de fonds. À quoi cela vous servira ?
12A. -T. G. : Nous venons en effet de lever 2,5 millions d’euros auprès d’Irdi Soridec Gestion et d’Axeleo. Cela nous servira à continuer de développer nos produits et à accélérer notre développement commercial, sachant que nous sommes rentables depuis fin 2017. Nous avons réussi à constituer une belle équipe d’une douzaine de personnes issues de références de notre marché comme Teads, Lagardère, Appnexus et Tabmo. Nous allons proposer notre technologie au sein de notre propre SSP que nous développons en ce moment-même et qui sera lancé fin juin.
La liste de vos clients éditeurs affichée sur votre site est considérable : M6, Libération, Next Régie, BFM TV, 20 Minutes pour ne citer que quelques-uns. Dans un marché aussi encombré que celui de l’ad tech avec pléthore de solutions et de plateformes pour les éditeurs et les annonceurs, comment avez-vous réussi à vous développer aussi vite et apparemment aussi bien ?
A. -T. G. : Notre baromètre répondait à un vrai besoin des éditeurs, car il y avait un manque d’outil d’analytics. De plus, ils pouvaient comparer la qualité de leurs inventaires à celle des autres sites participant au baromètre. Cela leur sert à optimiser leur site en vue d’offrir un meilleur inventaire aux annonceurs. C’est cela qui a permis de propulser notre entreprise. Ensuite, avec le Smart Refresh, nous avons atteint près de 80 clients en direct ou en indirect, par exemple à travers LPM et ASQ et désormais de Mediasquare. Maintenant notre objectif est de développer avec ces mêmes clients des intégrations de notre SSP à leur solution de header bidding.
La suite de l’interview d’Anh-Tuan Gai sera publiée demain.
Propos recueillis par Luciana Uchôa-Lefebvre