L’ACSEL publie une étude sur la sharing economy basée sur les témoignages d’une cinquantaine d’acteurs représentatifs de l’économie collaborative tant en France qu’aux Etats-Unis. La publication a pour objet de comprendre les concepts économiques opératoires de la sharing economy, en mesurer l’impact sur les entreprises traditionnelles qui s’interrogent aujourd’hui sur la façon de l’appréhender (nouveau volet de la RSE ou nouveau business model ?) et plus globalement l’ apport de l’économie du partage dans l’économie.
L’observation de la sharing economy pose la question de savoir comment l’outil numérique a transformé les échanges collaboratifs informels en une activité économique à part entière. L’économie collaborative doit son succès à sa capacité de recensement des actifs inutilisés pour les mettre à disposition, en les monétisant ou non, auprès d’une demande ciblée et agrégée. Elle opère à la manière d’une plate-forme et croît d’autant plus rapidement qu’elle intègre la géolocalisation et l’actualisation en temps réel. Du point de vue du développement social, certaines applications de la sharing economy peuvent avoir des effets vertueux en révélant des potentiels inexploités par une communauté qui se digitalise : les parcs de véhicules, des bureaux, les emplacements de parking et les surplus de tous genres sont autant d’exemples d’offres potentiellement disponibles et partageables.
– Le développement : pour qu’un nouveau service de sharing economy puisse fonctionner, il a besoin d’atteindre une couverture minimale d’utilisateurs. Dès lors, on comprend que se pose une nouvelle problématique : celle du temps.
– La plate-forme : la nécessaire organisation de ces services en « plateforme» pose un risque réel pour le développement de ce secteur.
– La confiance : la multiplication des échanges de pair à pair dans le monde réel renforce le besoin en « fonctions de réassurance » des plates-formes de sharing economy. La plate-forme du service joue ici un rôle clef dans la mesure où elle devient le « tiers de confiance ».
– La réglementation : les services de sharing economy se développent dans un nombre croissant de secteurs et rendent obsolète la législation censée les encadrer. La question qui se pose pour le pouvoir législatif et réglementaire est de savoir s’il saura proposer un nouveau cadre aux acteurs de la sharing economy afin de permettre leur développement tout en accompagnant les entreprises traditionnelles dans la transformation de leur modèle. L’enjeu est d’autant plus essentiel que la transformation en cours va impacter tous les aspects de la vie économique et sociale.
– L’impact sur les entreprises traditionnelles : fondées sur la production et la distribution de biens et de services, comment les entreprises intégreront-elles des services de sharing economy ? L’envisagent-elles comme des services de RSE, une opportunité pour leur développement ou comme un facteur de risques pour leur business model historique ?
– L’impact sur la politique numérique : les initiatives de sharing economy étant orientées « services » et non «infrastructures», la question de leur reconnaissance et leur intégration à une politique industrielle numérique se pose. Pourtant, des effets vertueux pour l’intérêt général sont fréquemment mis en avant. Sans une juste compréhension du phénomène, la sharing economy risque de ne pas être perçue comme porteuse d’une croissance mesurable. La « valeur ajoutée distribuée » ne s’appréhendant pas facilement, comment la mesurer ? Quel observatoire statistique ?
– Le marché européen : la taille des acteurs américains de la sharing economy pose la question de savoir si des concurrents à l’échelle européenne sont possibles ? Comment favoriser leur apparition ? Dans quelles conditions de financement ?
– L’impact pour les « services publics locaux » : force est de constater que le développement de certains services de sharing economy offre un « service public » à ses utilisateurs dans des domaines divers : transport, services de formation, prêt de biens et échanges de services, etc. Dès lors, impossible de l’exclure de la réflexion des compétences des collectivités locales. Quel rôle peuvent-elles jouer ? Peut-on imaginer des complémentarités ? Comment concilier des initiatives individuelles qui peuvent remettre en cause des services assurés aujourd’hui par des collectivités locales ? Inversement, comment optimiser des services de sharing economy qui permettront aux collectivités locales de se concentrer sur leurs compétences initiales ?
Pierre Berendes
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«Sharing economy : le numérique au service des échanges collaboratifs »
Auteur : Olivier Bitoun. 19 euros TTC – 52 pages.