C’est Thomas Fox-Brewster, reporter à Forbes, qui en parle, après sa mésaventure en se connectant à Spotify fin de semaine dernière. A cet instant-là, il a été invité à accepter une mise à jour de la politique de la vie privée de la plateforme, mise en ligne le 19 août (pour y accéder, cliquez ici) . En comparant la nouvelle avec l’ancienne, il s’est vite rendu compte que le virage est considérable : avec ce nouveau texte – présenté en détails par le journaliste – Spotify veut aller loin, bien plus loin dans la collecte des données de ses auditeurs. Et la plateforme semble mal s’y prendre, avec une exposition peu détaillée sur ce qu’elle compte faire et sur comment compte-t-elle le faire.
En voici quelques exemples donnés par Forbes de ces changements :
– Les données estoquées par l’utilisateur sur son appareil mobile seront collectées – avec la permission de l’utilisateur, précise le texte –, à savoir : ses contacts, ses photos et fichiers média, entre autres…
– Même chose pour les données de géolocalisation et de capteurs de mouvements, selon l’appareil mobile de l’utilisateur;
– Enfin, Spotify peut désormais non seulement enregistrer les requêtes et recherches réalisées par ses utilisateurs au sein de la plateforme, mais l’heure et le nombre de fois qu’elles sont faites, ce qui paraît souvent logique pour les professionnels du marketing.
Ceci veut dire que Spotify veut tout savoir sur ses utilisateurs – qui sont-ils ? qui sont leurs amis ? que consomment-ils ? où sont-ils ? que font-ils ? la liste est longue – pour ensuite partager des données avec ses partenaires annonceurs, fournisseurs de données etc.
La portée de l’accès que l’entreprise cherche à obtenir aux données personnelles de chaque utilisateur est ainsi plus qu’audacieuse… et il serait important que plus de détails soient donnés aux utilisateurs sur ce qui pourra ou ne pourra pas être partagé avec ses partenaires annonceurs et agences, et comment.
Plus de détails aussi sont nécessaires sur ce qu’il leur est offert en termes d’opt-in ou d’opt-out : en acceptant la formule gratuite en contrepartie de publicité, l’utilisateur doit-il accepter toutes ces conditions d’un bloc ou peut-il s’opposer à ce qu’une partie de ces données soit accessibles par la plateforme ?
D’autre part, le coût que cela représente à l’utilisateur pourra le pousser peut-être à opter par la formule payante : mais, même dans ce cas, sera-t-il garanti exempt de ces obligations ? Rien ne semble sûr sur ce point.
En réponse à l’article de Forbes, Spotify déclare que les données collectées vont tout simplement l’aider à bâtir de meilleures expériences à ses utilisateurs et à construire des produits nouveaux et personnalisés à l’avenir (lire ici la citation complète en sa version originale).
Lire ici l’article de Thomas Fox-Brewster, reporter à Forbes.
Mise à jour:
Le CEO de Spotify Daniel Ek a réagi à la publication de l’article par Forbes en s’excusant auprès de ses abonnés vendredi dernier. Il a reconnu qu’il y a eu un manque de clarté dans le texte de sa nouvelle politique de la vie privée et il a affirmé à de nombreuses reprises que la plateforme n’accédera pas aux données de ses abonnés sans leur accord. Lire ici le billet publié vendredi matin.
Luciana Uchôa-Lefebvre
(Images : Spotify.com et Spotify sur Twitter.)