Gravity, Pass Media, feuille de route data de 20 Minutes… En quelques années, de nombreux médias ont entièrement conçu et structuré leur stratégie data. En quelques mois, de projets ambitieux réunissant plusieurs d’entre eux ainsi que des acteurs de l’écosystème publicitaire ont vu le jour. Avec, pour certains, un point en commun : le recours aux services d’une data company jusque-là plutôt discrète, Axionable.
Pour comprendre le rôle et la proposition de cette start-up française en forte croissance, nous interviewons Laurent Wlodarczyk, directeur scientifique et technique, cofondateur de l’entreprise, et Vincent Philippine, directeur associé en charge des médias et de l’entertainment.
Que propose Axionable précisément aux médias et aux annonceurs ?
V.P. : Nous leur proposons du conseil et de l’accompagnement dans le déploiement de solutions technologiques dans les domaines de la data et de l’intelligence artificielle (IA). Axionable est une société de services créée il y a trois ans en France. Son secteur d’activité historique est celui des médias et de l’entertainment.
Sur quels aspects intervenez-vous ?
V.P. : Le premier domaine concerne les problématiques d’identification digitale. Nous travaillons sur ce sujet avec le Geste en effet. L’objectif est de permettre aux éditeurs membres de Pass Media de déployer leur système de login unique. Nous avons un rôle de conseil et d’accompagnement dans le déploiement de la solution la plus adaptée pour eux. En l’occurrence, il s’agit de la solution de SSO de SAP Costumer data cloud. [SSO pour single sign-on, un système d’authentification qui permet d’accéder à de nombreuses applications avec une seule identification, NDLR]. Nous travaillons sur ce thème également pour Paris 2024, dans le cadre de l’organisation des Jeux olympiques d’été de 2024. Là encore, nous fournissons du conseil sur la stratégie mais également l’accompagnement pour l’intégration technique.
Le deuxième domaine est celui des alliances. C’est une tendance forte dans l’univers des médias. Ces derniers doivent répondre aux exigences de reach et de connaissance utilisateur. Nous avons travaillé pour Gravity sur un moteur de génération automatique d’insights business. L’objectif était de développer la connaissance des marques sur leurs consommateurs. Pour cela, nous avons mobilisé nos compétences en IA pour automatiser un travail jusque-là réalisé manuellement par les data analysts. Les résultats sont très encourageants, avec des gains de productivité de l’ordre de 200 %.
Nous nous spécialisons dans le recours à l’IA pour permettre aux éditeurs médias de gagner en productivité, de personnaliser leur offre et d’améliorer l’expérience de consommation de leur contenu. Nous souhaitons développer grâce à l’IA l’optimisation de domaines majeurs comme le marketing, la relation client, le BtoC, mais également les sujets RH, le procurement, etc. qui touchent le secteur industriel. Par ailleurs nous accompagnons d’autres industries sur d’autres sujets, comme la sécurité pour la banque/assurance et l’industrie.
Intervenez-vous à toutes les étapes ?
L.W. : Nous nous positionnons de bout en bout en effet. De l’amont, pour définir la stratégie data, jusqu’à la création de plateformes. Ceci implique le recours au cloud, le développement d’algorithmes et de la data science. Cette logique end-to-end est nécessaire pour être pertinent, utile et pour avoir un retour sur des cas concrets. Nous avons ouvert un laboratoire d’intelligence artificielle afin de faire le lien et de servir de passerelle entre les centres de recherche et la mise en place concrète chez nos clients. Nous avons des personnes dédiées à cela.
Vous déclarez que derrière chaque data il y a un usage et derrière chaque usage, de la valeur. Comment ce principe se traduit-il dans les solutions que vous proposez ?
V.P. : Notre approche consiste à toujours tenir compte des cas d’usage. Nous partons des besoins business de nos clients, de leurs challenges internes et relatifs à leur marché pour voir commet la data peut les aider.
Quelle est votre différence comparée aux nombreuses autres entreprises technologiques spécialisées dans la data ?
V.P. : Notre écosystème est foisonnant en effet. Ce qui nous différencie est notre vocation de « doers ». Nous nous occupons de l’opérationnel, nous mettons en place les infrastructures, des plateformes intégrées et des prototypes qui mobilisent de l’IA. Cela a été par exemple le cas d’un robot que nous avons conçu pour détecter des problèmes de qualité sur des chaînes de montage industrielles ou encore d’une voiture autonome que nous avons développée sur la base d’algorithmes de computer vision. Nous ne nous contentons pas de recommander, nous allons loin dans la mise en œuvre. Un deuxième aspect important est l’IA à proprement parler, un domaine dans lequel nous nous spécialisons fortement. Nos concurrents sont plutôt axés sur la data et moins sur l’IA. Enfin, nous sommes également devenus une référence pour gérer de sujets technologiques complexes, concernant plusieurs acteurs ou de grands groupes.
Dans quel secteur votre activité se développe le plus ?
V.P. : Nos secteurs les plus forts sont ceux des médias/entertainment et des services financiers. Nous avons lancé il y a quelques mois une nouvelle activité autour de l’optimisation de la supply chain et de la recommandation de produits BtoB. Ces sujets concernent les industriels.
Où en êtes-vous de votre développement ?
L.W. : Nous vivons une forte dynamique de croissance. Nos 50 employés se situent majoritairement en France, à Paris et à Lille. Nous venons d’ouvrir un bureau à Montréal, au Canada. Nous nous autofinançons depuis le début. Cela nous permet d’être indépendants. Nous choisissons les technologies en fonction des besoins de nos clients, en toute indépendance. Nous avons une quarantaine de clients et avons réalisé une soixantaine de projets jusqu’à présent.
Propos recueillis et édités par Luciana Uchôa-Lefebvre
Dernière mise à jour: le 15/10/2019 à 16:26.