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Une ONG à l’affût d’innovations technologiques: suite de l’interview d’Amnesty Internationale

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Amnesty jeunes.

Suite de l’interview de Philippe Hensmans et Loïc Gaman, respectivement directeur général et chef de projet digital d’Amnesty International Belgique francophone. Pour voir la première partie, cliquez ici.

Les prestataires de technologie qui peuvent vous aider dans vos problématiques se montrent-ils intéressés à travailler avec vous à des conditions un peu plus favorables pour en quelque sorte soigner leur image?

Philippe Hensmans, Amnesty International Belgique francophone.
Philippe Hensmans, Amnesty International Belgique francophone.

P.H.: Très souvent oui. La question est de trouver ce qui peut convenir aux deux parties.

L.G.: Cela valorise l’engagement sociétal de l’entreprise en question, les salariés sont souvent très contents de travailler avec nous. Et ils se rendent vite compte que nos problématiques ne sont pas si simples, et que de surcroît nous savons vers quoi nous voulons nous diriger. Les ONG sont un marché. Elles sont éthiques, elles veulent des choses claires et cleans, il y a un besoin de transparence quasi permanent et cela leur ouvre plein d’opportunités.

P.H.: Nous avons aussi les cas de développeurs qui veulent lancer leur projet, même bénévolement. Je donne l’exemple de l’application Etictags, qui est une extension que l’on ajoute à son navigateur et qui permet, sur certains sites, d’afficher une petite étiquette lorsque l’on passe la souris sur le nom d’un pays ou d’un produit. Cette étiquette permet ainsi d’en savoir plus sur ce produit ou ce pays d’après les informations dont Amnesty International dispose.

Faisons le parallèle avec la publicité: lorsque les utilisateurs ne sont pas à la recherche d’informations qui concernent vos actions, comment faites-vous pour attirer leur attention et les sensibiliser?

P.H.: C’est notre principal souci aujourd’hui. Sur Facebook, les algorithmes font que seuls ceux qui nous aiment bien voient nos informations. Ceci nous oblige à acheter de l’espace publicitaire sur Facebook pour être vus par ceux qui ne nous connaissent pas. Si nous voulons lutter contre la peine de mort, il faut que nous puissions être vus par des personnes qui sont favorables à la peine de mort. Nous devons aller donc bien au-delà des simples stratégies consistant à poster un article sur Facebook avec de nouvelles informations à des gens qui nous suivent déjà.

On est là dans la même logique d’un produit que l’on veut faire connaître, en tout cas pour ce qui est de besoins opérationnels, des outils à déployer, non?

L.G.: C’est clairement de la campagne cross canal. Le papier marche encore beaucoup chez les ONG. Mais aujourd’hui, sur tout ce qui a trait à la collecte de fonds, par exemple, on cherche à rationaliser le travail fait sur le support papier de manière à capter des rebonds sur le digital. Tout cela est repris de l’univers de la publicité.

Twitter_Amnesty_extraitP.H.: Nous travaillons avec une agence de publicité qui nous suit depuis 15 ans. C’est une belle agence avec de gros clients mais qui travaille gratuitement pour nous, par engagement.

L.G.: Nous lançons des campagnes aussi tous seuls à travers Adwords, du sponsoring sur Facebook, etc.

P.H.: Nous sommes en perpétuelle lecture des comportements et des mutations des individus, pour connaître les nouveaux usages, savoir ce qui les intéresse et les motive, en fonction de l’âge. Par exemple, comparativement à ce qui se passait il y a dix ans, les publics ne sont plus les mêmes sur Facebook. Nous devons analyser les différents publics et les tendances pour employer les outils qui conviennent le mieux pour les joindre.

L.G.: Il y a la veille aussi, qui est très importante. Je prends l’exemple de MinuteBuzz en France, qui est clairement ciblé sur les jeunes « millennials », pour analyser comment pouvons-nous diffuser nos messages sur toutes les plateformes des réseaux sociaux dans le but de toucher cette population-là avec laquelle aujourd’hui la plupart des grands annonceurs ont encore du mal à communiquer. Il faut donc que nous suivions tout cela, nous prenons exemple des messages qu’ils véhiculent, des stratégies qu’ils déploient. C’est toute cette stratosphère digital/start-up qui est très active, qui donne des conférences, des feed-backs, des conseils, que nous devons suivre.

P.H.  En fait Amnesty est née comme ça, suite à la publication de l’article d’un groupe de personnes expliquant le concept du prisonnier d’opinion et sollicitant les personnes à réagir concrètement. Les médias changent, mais le concept est le même et il faut l’activer et le réactiver en l’adaptant aux différents médias d’aujourd’hui et au public que nous avons. Il faut aussi savoir anticiper.

Nous sommes en perpétuelle lecture des comportements et des mutations des individus, pour connaître les nouveaux usages, savoir ce qui les intéresse et les motive, en fonction de l’âge.

L.G.: Aujourd’hui Amnesty UK teste la collecte de fonds avec la réalité virtuelle: ils ont développé avec une start-up et des jeunes étudiants une mise en immersion dans le quotidien d’une famille en Syrie, en se servant d’un casque en réalité virtuelle. Vous vous retrouvez dans la peau d’un chercheur d’Amnesty qui est sur le terrain en train de collecter des informations dans le but de construire des rapports pour dénoncer ces situations. Cette méthode a le mérite de montrer concrètement à quoi un petit don peut servir. Le test a tellement bien marché que nos collègues argentins ont décidé de se servir du même concept.

 

Propos recueillis par Luciana Uchôa-Lefebvre

(Toutes les images sont des extraits issus de https://www.amnesty.be/ et de https://jeunes.amnesty.be/ ainsi que des comptes Twitter et Facebook de l’association. Amnesty International pour les photos de P. Hensmans et Loïc Gamain.)

 

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