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Quel avenir nous réserve la « matière sombre » de l’écosystème numérique ?

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Partout dans le monde, une menace pèserait lourdement sur l’avenir de la diffusion de l’information. Que l’on soit en pays démocratique ou pas, cette diffusion pourrait potentiellement et concrètement devenir totalement opaque, fragmentée et fermée. Et tout est déjà en place pour que cela se produise !

Signée par Steve Newcomb sur TechCrunch, cette analyse d’un grand intérêt a le mérite de présenter de manière très pédagogique ce que l’on nomme désormais en anglais la Dark Matter du web, par référence au concept de « matière sombre », qui désigne en astrophysique la matière invisible qui constitue une grande partie de l’univers, et dont nous pouvons seulement mesurer les effets.

Sur internet, la matière sombre dont parle Newcomb ce sont ces sphères, ces enclos et ces canaux de circulation d’information auxquels n’ont accès que leurs membres, et qui sont techniquement inaccessibles aux collectes des robots des moteurs de recherche. C’est potentiellement le cas de Facebook, de tous les réseaux sociaux et des applications mobiles. En principe, ces informations de type « dark matter » restent « invisibles », vues de « dehors » via les moteurs de recherche. Et même si les réseaux sociaux autorisent leur indexation aujourd’hui, ils pourraient décider de ne plus le faire demain.

« Ces réseaux sociaux sont contrôlés par des entités privées », rappelle Newcom, « bien que Facebook soit encore accessible aux moteurs de recherche, Mark Zuckerberg peut décider à tout moment de rendre les contenus de Facebook et d’Instagram inaccessibles aux moteurs de recherche externes, transformant instantanément un immense espace du web en matière sombre ». Quant aux applications de nos smartphones, « mises à part quelques exceptions, toute l’information que vous entrez dans votre téléphone est de la matière sombre », dit-il.

Et si l’on énumère, comme l’a fait Newcomb, quelques statistiques de l’état de la diffusion des contenus via les réseaux sociaux aujourd’hui, comparées à ce qui est recherché librement sur le web, on se rend compte du degré de la menace de cette matière sombre : « 31% de l’humanité dispose d’au moins un compte sur un réseau social. En 60 secondes, près de 4 millions de posts sont diffusés via Facebook, Twitter et Instagram, et 400 heures de vidéo sont mises en ligne sur YouTube. Durant cette même minute, Google traite 3 millions de requêtes. »

Cette question ne se pose certainement pas pour ce qui relève de la vie privée. Elle concerne en revanche l’information à vocation publique (qu’elle soit à titre gracieux ou payant). N’oublions pas que les réseaux sociaux jouent de plus en plus le rôle d’intermédiaires entre les médias producteurs d’informations et les lecteurs. Il suffit de penser à Instant Articles de Facebook ou à Discover de Snapchat.

Reste à savoir par qui et comment des changements technologiques seront mis en place pour empêcher ce cloisonnement, si tant est que les différents acteurs à l’origine des rapports de force en jeu trouveront un intérêt à œuvrer dans ce sens. « Les étapes des innovations qui mènent à une solution durable, que Steven Johnson appelle les adjacents possibles, seront des champs de bataille qui mettront en lumière qui est en train de remporter la lutte pour le contrôle de l’avenir de l’information. Au cours de la prochaine décennie, ce sera un Game of Thrones entre les grandes maisons de la technologie », conclut-il.

Lire ici l’analyse de Steve Newcomb sur TechCrunch.

Luciana Uchôa-Lefebvre

(Images : Shutterstock.)

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